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« Une théologie à genoux encourage à penser et à prier en pensant »

DSC00213C’est François Cassingena-Trévédy, moine de l’abbaye de Ligugé qui, dans son ouvrage « Poétique de la Théologie », nous invitait à voir dans le poète un vrai théologien parce qu’il est en prise avec le concret de la vie. De plus, il ne parle pas de Dieu ou sur Dieu mais à partir de Dieu. Le Pape s’est adressé le 3 septembre 2015 par vidéo aux participants du Congrès international de théologie qui s’achevait à Buenos Aires, organisé dans le cadre des commémorations du centenaire de la Faculté de théologie de l’Université catholique argentine et du cinquantième anniversaire de la clôture du Concile. Voici des extraits de son discours. N’est-ce pas la grâce d’une langue de feu qu’exprime notre pape François ? Oui, un homme inspiré, pour qui « la doctrine a un Visage et un corps »… amazonie_flickr1-800x450Il s’agit, a dit le Saint-Père, « de faire le point sur la santé d’une Église particulière, mais aussi de célébrer la vie, l’histoire et la foi du Peuple de Dieu dans ce pays… Or aucune Église ne peut vivre isolée ou croire être propriétaire et unique interprète de la réalité et de l’action de l’Esprit. Aucune communauté n’a le monopole de l’interprétation ou de l’inculturation. D’autre part, il ne saurait y avoir d’Église universelle qui se détourne des réalités locales… Cela nous conduit à comprendre qu’on n’est pas chrétien de la même manière… en Inde, au Canada ou à Rome. La tâche majeure du théologien est de discerner, de réfléchir sur ce qu’est être chrétien aujourd’hui… Pour répondre à cet enjeu, nous devons surmonter deux tentations. La première est la condamnation. L’expression familière « Tout était mieux avant » signifie se réfugier dans le conservatisme ou le fondamentalisme, ou à l’inverse tout sacraliser du passé, tout rejeter de la nouveauté, de relativiser toute la sagesse nouvelle issue du patrimoine ecclésial. Pour surmonter ces tentations, il faut user de la réflexion et du discernement, prendre au sérieux la tradition ecclésiale et la réalité, les faire dialoguer. ob_116e49_mont-araratOn voit souvent une opposition entre la théologie et la pastorale, comme si elles étaient opposées, des réalités séparées et sans liens l’une avec l’autre… Générer une fausse opposition entre la théologie et pastorale, entre croire réflexion et vie chrétienne… Dépasser ce divorce a précisément été l’une des contributions majeures de Vatican II. Comment oublier les paroles de Jean XXIII à l’ouverture du Concile : « Une chose est la substance de la doctrine, du dépôt de la foi, une autre la façon de la formuler ». Nous devons être attentifs « à bien distinguer le message de son mode de transmission, selon les schèmes culturels de chaque époque. Ne pas faire cet exercice de discernement conduit à trahir le contenu du message… Si cet exercice théologique fait défaut, on a une mutilation de la mission. La doctrine n’est pas une dynamique privée et qui ne doit pas soulever de questions et de doutes. Au contraire elle a un visage, un corps appelé Jésus-Christ, une vie offerte de génération en génération partout et à tous les hommes ». « Les questions de notre peuple, ses détresses et ses combats, ses rêves et ses préoccupations ont une valeur herméneutique que nous ne pouvons ignorer si nous prenons au sérieux le principe de l’incarnation… Nos formulations de la foi sont nées de débats et de confrontations, au contact de diverses cultures, communautés, peuples et contextes historiques… Un chrétien devient suspect lorsqu’il est suspicieux. Il doit accepter d’être critiqué par ses interlocuteurs. Les gens comme les périphéries ne sont pas facultatifs, mais nécessaires à une meilleure compréhension de la foi. Il est par conséquent important de se demander à qui nous pensons quand nous faisons de la théologie… eucaristia-cerezo N’oublions pas le Saint-Esprit qui habite les personnes qui prient et qui est l’objet même de la théologie. Une théologie née hors de lui peut revêtir un bel aspect. Mais elle sera sans contenu. Permettez-moi de noter trois caractères pour l’identité du théologien:
  1. Le théologien est d’abord un fils de son peuple. Il ne peut pas et ne veut pas ignorer les siens. Il doit les rencontrer, parler leur langue, connaître leurs racines, leur histoire et leurs traditions. Il est l’homme qui apprend à apprécier ce qu’il reçoit comme signe de la présence de Dieu, parce qu’il sait que la foi ne lui appartient pas. Ceci l’amène à reconnaître que le peuple croyant au sein duquel il est né possède un sens théologique qu’il ne doit pas ignorer.
  2. Le théologien est aussi un croyant, une personne qui a l’expérience de Jésus-Christ et qui a découvert qu’il ne peut vivre sans lui….Théologien est celui qui sait ne pouvoir vivre sans l’objet sujet de son amour et qui consacre sa vie à partager avec ses frères.
  3. Le théologien est prophète. Un des plus grands défis dans le monde d’aujourd’hui n’est pas seulement la facilité avec laquelle on peut oublier Dieu… La crise actuelle a pour cœur l’incapacité des gens à croire en quoi que ce soit hors d’eux-mêmes… ce qui produit une rupture dans les identités personnelles et sociales. Cette situation engendre un processus d’aliénation par manque autant d’avenir que de passé. Le théologien est prophète, car il maintient vivante la conscience du passé et anime l’invitation à aller de l’avant. Il est capable aussi de dénoncer toutes les aliénations parce qu’il détecte et réfléchit sur la tradition de l’Eglise comme sur l’espérance à laquelle nous sommes tous appelés.
Par conséquent, il y n’a qu’une façon de faire de la théologie, à genoux. C’est là non seulement un acte de piété et de prière, mais une méthode pour penser la théologie dans une réalité dynamique entre penser et prier. Une théologie à genoux encourage à penser et à prier en pensant »

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).