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Se lever en masse car l’urgence nous pousse

refugees_webNos amis protestants nous aident à garder raison face au tohu-bohu qu’entretiennent les médias à propos des réfugiés. Il est dans leurs traditions d’analyser ces situations avec lucidité et de répondre concrètement, sans tergiverser … L’Armée du salut, la Cimade en sont des exemples vivants. …Peut-être parce que dans l’Histoire, ils ont vécu les mêmes situations de rejet et de désespoir… Voici un article de Marie-Odile Wilson qui est pasteure de l’Église protestante unie de France à Auxerre. Il est paru dans le dernier numéro de l »hebdomadaire protestant Réforme. Nous vous le proposons pour aider chacun à se positionner face à cette question cruciale de l’accueil ds réfugiés.

« Environnement et réfugiés, l’heure du choix.

Seule dans ma voiture l’autre jour, j’ai entendu la « boutade humoristique » – ce sont ses propres mots – de monsieur Devedjian : « Les Allemands nous ont pris nos juifs, ils nous rendent des Arabes. » J’ai poussé un cri horrifié. J’ai repensé à cette leçon de Jésus : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l’homme impur, mais ce qui sort de la bouche, c’est ce qui rend l’homme impur. » Le poids des mots ! Voilà en tout cas une plaisanterie qui pour moi n’en est pas une, et j’ai beau faire, je reste horrifiée par ce qu’elle véhicule de négation de la souffrance. Dans cette époque agitée qui est la nôtre, la tentation des petites phrases est grande, au cœur du tohu-bohu médiatique, le besoin d’être vu, connu, reconnu (élu ?) conduit à la surenchère. Il y a donc ceux qui parlent, à tort et à travers parfois. Et, Dieu merci, il y a ceux qui agissent. L’urgence nous presse de toute part. Il est temps. Les appels de nos Églises se multiplient, émanant de la FPF, de nos conseils régionaux, du pape. Les champs d’action sont circonscrits : l’urgence est à la sauvegarde de la création, l’urgence est à l’accueil des défavorisés, sans distinction. Et les initiatives fleurissent : assises chrétiennes de l’écologie à Saint-Étienne en août, qui ont réuni 2 000 personnes, autour d’un contenu, de l’aveu même d’une participante, d’une grande richesse, d’une grande variété, d’une grande spiritualité. Ne plus tergiverser Et des communes qui se mobilisent pour accueillir des migrants, avec des retombées heureuses inattendues, ici une école qui ne fermera pas, un village redynamisé. Là, un monastère désaffecté qui, en 24 heures, a pu être remis sommairement en état, et équipé de 80 lits. Ailleurs, des gens se rassemblent, de tous horizons, confessionnels ou non, avec le désir de faire quelque chose. L’urgence nous pousse, l’urgence nous met debout, c’est l’heure du choix. Un choix aussi radical que celui que pose Dieu dans le Deutéronome : « J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance. » Il s’agit de choix qui engagent notre postérité. C’est fondamental à entendre. Pourtant dans ce maelström d’émotions qui m’agite depuis quelques mois, une graine d’espérance est profondément enracinée dans mon cœur. Car, dans l’urgence de si belles choses ont été accomplies au cours des âges, dont nous goûtons encore les fruits : des réveils sociaux dans nos Églises ont été porteurs de grandes réalisations en œuvrant auprès des plus petits, comme l’Armée du Salut, la Fondation John-Bost, la Cimade et j’en passe. L’urgence est là. Il nous faut choisir. Il n’est plus temps de tergiverser. Le passage du Deutéronome cité plus haut se poursuit ainsi : « En aimant le Seigneur, ton Dieu, en l’écoutant et en t’attachant à lui. » Et un certain Jésus de Nazareth accrochait solidement entre eux l’amour de Dieu et l’amour du prochain. L’un n’irait donc pas sans l’autre ? Il n’est plus temps de se poser douillettement la question. Il est temps de témoigner, en action. Et parce que je ne vois pas de meilleure manière de vaincre la peur qui nous étreint devant le flot qui se presse à nos portes que de l’anticiper : accueillerons-nous ces personnes, ces individus, ces êtres humains, ces prochains ? Avec des pierres ou avec des fleurs ? Pour éviter cette submersion dont certain(e)s nous menacent, n’est-il pas plus que temps de choisir la vie ? Celle de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants, qu’ils soient déjà là, depuis longtemps ou non, ou encore à venir, car il n’y a pas à choisir entre les solidarités, c’est la raison pour laquelle nous nous devons de nous lever en masse, pour notre terre, pour nos frères et sœurs, en nous réjouissant d’avance, dans l’espérance d’un tel mouvement, de ce que la vie, alors, nous déversera, à foison, comme bénédictions. » Marie-Odile Wilson Découvrir l’hebdomadaire Réforme

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).