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A ceux qui me répètent qu’on ne peut pas accueillir “toute la misère du monde »

Voici un article de Rachel Nef paru chez Médiapart en juin dernier qui remet les pendules à l’heure en ce qui concerne les discours de certains sur les migrants; discours fait de clichés, d’à-peu-près, de courte vue, de populisme en vu de justifier un racisme qui se voudrait ordinaire. Il nous faut combattre la xénophobie rampante…. et rappeler que ce sont les pays riches qui sont à l’origine de l’immigration par les guerres pour se procurer les matières premières en particulier le pétrole, la spoliation des population de leurs terres, toutes les formes de néocolonialisme qui accentuent misères, famines, par une croissance démesurée et irraisonnée qui détruit le climat, par des échanges commerciaux internationaux qui rendent exsangues les pays en voie de développement …etc… etc… Comment lutter contre les faux discours autour de nous ? Faites suivre cet article autour de vous ou donnez le lien de Médiapart (http://blogs.mediapart.fr/blog/rachel-nef/260615/ceux-qui-me-repetent-qu-ne-peut-pas-accueillir-toute-la-misere-du-monde)… 11794342_945943252115676_884234807436763890_oA ceux qui me répètent qu’on ne peut pas accueillir “toute la misère du monde » « Parce que je n’en peux plus d’entendre, à chaque fois que je dis que je travaille dans l’accompagnement des demandeurs d’asile “Mais il sont vraiment trop nombreux, non ?” “Déjà que la France est un des pays les plus généreux en Europe …” et autres “La France ne peut pas  accueillir toute la misère du monde »… j’ai décidé d’écrire ce texte, pour contenir ma frustration, mon indignation qui croît chaque jour en entendant les politiques nous abreuver de chiffres hors contexte censés nous démontrer que nous sommes une forteresse assiégée, et contenir ma tristesse de voir notre gouvernement de “gauche” si tétanisé par l’influence de l’extrême droite dans le champ politique qu’il finit par rentrer dans son jeu … Je comprends que les gens finissent par s’y perdre et par se demander si, vraiment, on accueille trop de demandeurs d’asile en France. Alors déjà pour ceux qui me citent la fameuse phrase de Rocard, il ne faudrait tout de même pas en oublier la seconde partie : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa part ». Et pour ce qui est de prendre sa part, on va le voir, malgré son image de pays des Droits de l’Homme, la France est loin d´être exemplaire. 946492299_B976418722Z.1_20150901130237_000_GR853T76A.1-0En ce qui concerne les demandeurs d’asile – c’est à dire des personnes ayant fui leur pays parce qu’elles y ont subi des persécutions ou craignent  d’en subir et qui sont en quête d’une protection internationale – la France a enregistré 62800 demandes d’asile en 2014, loin derrière les Etats-Unis (88400) ou d’autres pays d’Europe comme l’Allemagne par exemple (202 700 demandeurs), la Suède (81200) ou l’Italie (64600)1.    Et si on rapporte ce chiffre a la proportion de la population de chaque État membre de l’UE, ce qui est plus significatif, les taux les plus élevés de demandeurs ont été enregistrés en Suède (8,4 demandeurs d’asile pour mille habitants), devant la Hongrie (4,3), l’Autriche (3,3), Malte (3,2), le Danemark (2,6) et l’Allemagne (2,5). La France n’arrive qu’en douzième position (1 demandeur d’asile pour mille habitant). La France est donc loin de “ployer” sous le poids des demandes comme on ne cesse de nous le répéter. La France n’est pas non plus le pays qui accorde le plus de statuts de réfugié (ce qui constitue l’aboutissement “positif” de la demande d’asile) : en 2014, dans l’UE, 45% des demandes d’asile ont été reconnues positives. Le taux d’accord en France pour 2014 était quand a lui de 28%3. Donc pour la France si généreuse, on repassera. 55e82d9d3570ebab3d805b73Et si on regarde au niveau mondial, quel est selon vous, le pays qui accueille le plus de réfugiés ? Ça doit être en Europe pour qu’on nous répète inlassablement que c’est un si lourd fardeau … Et bien non, figurez vous!  C’est le Pakistan qui arrive en tête des statistiques du HCR (l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés), avec 1,6 million de réfugiés, suivi de l’Iran avec 857 000 réfugiés  et du Liban qui en compte 856 000. Le Liban a, sur son sol, 178 réfugiés pour 1 000 habitants, ce qui, rapporté à la France, donnerait quelque 12 à 15 millions… Or, on estime à environ 165 000 le nombre de personnes disposant du statut de réfugié politique en France (0,29% de la population). C’est une goutte d’eau, nous sommes tout à fait en capacité de les accueillir.  Contrairement aux idées reçues, ce sont les pays en développement qui reçoivent la majorité des personnes en demande de protection – 90% des demandeurs d’asile et des réfugiés vont dans des pays proches ou frontaliers, donc l’Europe n’est absolument pas la zone du monde la plus affectée. Par rapport à la situation des réfugiés syriens par exemple, l’exemple est flagrant.Alors que le nombre de déplacés va bientôt atteindre la barre des 4 millions, l’ONU a demandé que 30.000 d’entre eux soient « réinstallés » dans des pays occidentaux. L’Allemagne a promis d’en accueillir 20000, la Suède 1200, la France, devinez combien?……..500. L’immense majorité de ceux-ci (97%) s’installent au Liban, en Jordanie, en Turquie ou en Irak. Nous sommes loin d’être envahis. Le monde entier ne rêve pas de rejoindre l’Europe. Relisez les chiffres ci-dessus pour comprendre à quel point c’est faux. L-accueil-des-demandeurs-d-asile-divise-l-Europe_article_popinDe plus, on réduit le migrant à son statut de migrant, comme si l’unique but de sa vie était de venir frapper à notre porte, mais derrière chaque demande d’asile se cache un homme ou une femme avec son histoire, son passé, un homme ou une femme qui a grandi quelque part, a eu une enfance, a des attaches, un endroit où il s’est sentí chez lui. Je me souviens de ce Monsieur tchétchène qui m’évoquait les larmes aux yeux les montagnes de son enfance, car jamais il n’aurait pensé ne pas vieillir a leurs pieds ou de ce Monsieur bangladais qui s’était effondré dans mon bureau car il venait d’apprendre la mort de son père au pays et savait qu’il ne pourrait même pas lui rendre un dernier hommage… Qui voudrait vivre ca ? Franchement, qui ? Sans parler des trajets abominables pour atteindre l’Europe tristement illustrés par les récents  naufrages en Méditerranée… Vous pensez que quand on vient de pays comme la Somalie ou Érythrée on vient parce que le système d’allocations est plus avantageux en France que chez soi ? Il faut arrêter la plaisanterie, imaginez un instant ce que cela représente de tout quitter et vous comprendrez qu’on part parce qu’on n’a pas le choix. Vous voudriez vous, rester dans un Etat où règne la terreur, la guerre, où vous avez peur chaque jour pour vos enfants ? Un Monsieur sri-lankais que je suivais et qui dormait dehors faute de solution hébergement m’a dit un jour “C’est très dur. Mais au moins ici je suis libre et je n’ai plus peur en permanence.” Renseignez-vous sur les régimes politiques en Somalie ou en République Démocratique du Congo, demandez-vous si vous resteriez en Syrie dans la situation actuelle. Ou en Russie si vous êtes menacé de mort parce que vous avez écrit un texte qui déplaît aux autorités. En Guinée où votre fille se ferait potentiellement exciser comme vous dès le plus jeune âge. L’espoir d’une vie meilleure est équitablement partagé sur notre planète et ne nous est pas réservé parce que nous sommes né du bon coté de la barrière.  ob_9d9f5f2a26d6d47638af00f83cd2df4e_arton1204Plus généralement, l’immigration est toujours présentée comme un problème, alors même que de nombreuses études indiquent que l’immigration est positive pour l’Etat français, en termes démographiques, en termes de croissance, de savoir, de diversité et qu’elle rapporte même de l’argent (12 milliards par an tout de même selon une équipe de chercheurs de l’Université de Lille)5. C’est donc le regard médiatico-politique sur les migrants qu’il faut réussir à changer. Et ne pas céder aux discours populistes qui prospèrent à l’aune de la montée du Front National qui trouve là un terrain fertile en ces temps de récession économique. Nos démocraties peuvent tout à fait accueillir ces migrants, et au lieu de succomber à un populisme mortifère, devraient réfléchir à une politique migratoire de manière plus sereine et apaisée et arrêter de faire des migrants les boucs émissaire de nos sociétés. Sinon c’est notre humanité qu’on perd peu à peu. » 1- Chiffres Eurostat 2- Chiffres Ofpra 3- Chiffres Ofpra 4-  A ce propos, lire le magnifique livre de Fabrizio Gatti “Bilal sur la route des clandestins”, ed. Liana Levi, 2008. 5-Courrier international, Les très bons comptes de l’immigration, 27/04/2012 lire aussi  – Les dix idées reçues les plus fréquentes sur l’immigration démystifiées immigration : quand l’Ined bouscule les idées reçues  

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).