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À Cuba, le pape invite à « accepter de penser différemment »

A-Cuba-le-pape-invite-a-accepter-de-penser-differemment_article_mainLe voyage du Pape François s’achève à Cuba. « Le pape n’est pas venu à Cuba pour mettre en difficulté un régime inquiet pour son avenir et qui a besoin de l’Eglise pour appuyer ses réformes économiques, analyse l’envoyée spéciale Geneviève Delrue de RFI . Il vient au contraire soutenir un processus d’ouverture dont il a dit en arrivant à Cuba qu’il était la victoire de la culture du dialogue sur celle de la confrontation. » Pour ce voyage, il avait choisi la devise « Missionnaire de la Miséricorde « . Il s’est surtout adressé aux jeunes en les invitant à construire une société ouverte aux différences.  « Il faut d’abord voir ce que nous avons en commun. Après, nous pouvons parler de nos différences »; et à l’adresse des jeunes qui arboraient un tee shirt du Che, il leur a demandé : « A ceux qui ne sont pas croyants, je vous demande, au moins, de me souhaiter du bien. » Il a appelé aussi les chrétiens à un engagement plus marqué envers les «plus fragiles… « , en référence critique au communisme. A chacun il a invité à ne pas s’enfermer dans les idéologies, mais de cultiver une « amitié sociale » par la « capacité d’accepter celui qui pense différemment ». En s’adressant ainsi à l’avenir du pays, il évite de froisser le régime dictatorial en place et se veut constructif  : « L’espérance, c’est de pouvoir faire des sacrifices pour le futur et d’œuvrer ainsi pour ceux qui viendront après nous ». «Soyez capables de créer l’amitié sociale, a exhorté le souverain pontife. Les jeunes sont l’espérance d’un peuple. L’optimisme est un état d’esprit. L’espérance c’est plus. C’est savoir souffrir pour se projeter dans un projet d’avenir. L’espérance est féconde. L’espérance se gagne avec le travail.» Au lieu de chercher à émigrer vers des cieux plus cléments pour fuir le régime en place, il invite à la patience et à la  « culture du dialogue », comme le fait le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, qui a rencontré les autorités du pays et abordé l’idée d’un « chemin de réconciliation de la société cubaine ». Un chemin que le pape François invite le peuple cubain à emprunter. Venu en pèlerin de la miséricorde, le Pape a rencontré Fidel Castro et lui a remis un cadeau inattendu : les sermons du Père Armando Llorente, mentor de Fidel, mort en exil à Miami. Tous deux ont notamment évoqué les problèmes d’environnement, problèmes d’actualité et chers à chacun. Depuis un demi-siècle de régime, l’Eglise catholique est sérieusement entravée dans son action pastorale, malgré de timides progrès ces 15 dernières années. A défaut de pouvoir construire des églises, Le pape a particulièrement salué le rôle des maisons de mission, ces habitations privées dans lesquelles les fidèles se réunissent pour prier, enseigner la catéchèse et se rencontrer. Ne serait-ce pas là une image des « Béthanie » telle que le souhaitait Léone Bréard, fondatrice de la communauté Tabgha ? Voici un extrait de son homélie à Holguin à partir de l’évangile du jour de Matthieu 9/9-13 : « C’est la miséricorde que je désire et non les sacrifices » « Surmonter nos résistances au changement des autres » « Pour Matthieu et pour tous ceux qui ont senti le regard de Jésus, les concitoyens ne sont pas ceux aux dépens desquels on ”vit”, dont on use et abuse. Le regard de Jésus génère une activité missionnaire, de service, de don. Son amour soigne nos myopies et nous stimule à regarder au-delà, à ne pas nous arrêter aux apparences ou au politiquement correct. Jésus va de l’avant, il nous précède, il ouvre le chemin et nous invite à le suivre. Il nous invite à surmonter progressivement nos préjugés, nos résistances au changement des autres, voire de nous-mêmes. Il nous défie jour après jour par la question : crois-tu ? Crois-tu qu’il est possible qu’un percepteur d’impôts devienne serviteur ? Crois-tu qu’il est possible qu’un traître devienne un ami ? Crois-tu qu’il est possible que le fils d’un charpentier soit le Fils de Dieu ? Son regard transforme nos regards, son cœur transforme notre cœur. » lire l’article « La Croix »  

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).