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Ce qui se joue au Bourget, c’est le nombre de morts dans nos pays…

pelerin « Ce qui se joue au Bourget, c’est le nombre de morts dans nos pays.. ».Ainsi s’exprimaient l’archevêque sud-africain Thabo Makgoba et le Philippin Yeb Sano en parlant de la réunion de la COP 21.
Un article de l’hebdomadaire « Réforme » revient sur la démarche de pèlerins qui ont marché pour la justice climatique et qui ont été accueillis vendredi à Paris, avant une célébration inter-religieuse samedi à la basilique Saint-Denis.
Il nous a semblé intéressant de vous proposer cet article qui décrit tous ces anonymes qui œuvrent à leur niveau, avec les moyens qui sont les leurs pour faire réfléchir sur les enjeux de la COP 21. Quand les différentes religions parlent d’une même voix, il est bon de le souligner !
L’article est signé des initiales N.L.Le voici :


climat enjeu« Ils sont arrivés à Paris le vendredi 27 novembre, à pied pour certains, en vélo pour d’autres, quelques-uns en avion, pour traverser les mers, après avoir marché dans leur pays, au Mozambique ou aux Philippines. Les pèlerins climatiques ont d’abord été accueillis pour un temps d’échanges, de prières et de convivialité à l’église Saint-Merri, tout à côté du centre Pompidou, à Paris. Une paroisse créée par le cardinal Marty, ouverte sur le monde et connue pour avoir donné refuge à des exilés, notamment sud-américains au temps des dictatures…
Dans un froid glacial, un groupe de cyclistes anglais a ainsi entonné un chant créé pour l’occasion ; des Allemands ont raconté leur périple et les derniers kilomètres parcourus avec des Messins ; Yeb Sano, ce Philippin à l’origine du jeûne climatique mondial, a redit l’urgence pour notre monde d’agir maintenant ; un petit groupe d’Autrichiens a sorti son sac à dos, plein « d’idées pour la planète ».
À Saint-Denis
religion-climatDans l’église, une grande banderole en anglais : « The use of highly polluting fossils fuels – coal, oil, gas – needs to be replaced without delay, Pope François ». L’injonction ne peut être plus claire : « L’utilisation des énergies fossiles, hautement polluantes – charbon, pétrole, gaz – doit être remplacée sans délai. » C’est d’ailleurs le pape François qui a mis en route les cyclistes anglais, qui ont imprimé sur leur gilet jaune fluo, « Laudato Si ». Le moment est gai, mais les fidèles parisiens, catholiques et protestants, trop peu nombreux. Rendez-vous est pris pour le lendemain à Saint-Denis.
Là, dans la ville touchée il y a si peu de temps par les attentats et l’arrestation des terroristes, les organisateurs ont dû s’adapter, dans un temps très limité et un grand stress. En effet, le projet initial prévoyait une marche dans la ville pour rencontrer les habitants, suivie d’un repas et d’une célébration. Le programme a dû être modifié au dernier moment pour des raisons de sécurité. Ni la marche, ni le repas n’ont pu avoir lieu, et la célébration a été déplacée au samedi matin, ce qui a rendu impossible la présence des jeunes.
Sur le parvis devant la basilique, nulle forces de l’ordre pourtant. En revanche, un groupe d’Africains venus du Mozambique, d’Afrique du Sud, de Zambie, du Kenya, du Botswana se prennent en photo en riant. Lydia Mogano, coordinatrice régionale de l’ONG Earth Keeper, explique : « Nous, Africains, sommes les premières victimes des changements climatiques, nous sommes prêts à agir, mais nous avons besoin d’aide. » Plus loin, se tient un groupe de bouddhistes zen venus de leur monastère, situé non loin de Bergerac. Sur leur robe marron, un petit ruban vert : « Nous sommes un million à le porter dans le monde, en signe de protection pour la terre et de volonté de paix », explique sœur Natacha, une Anglaise.
La célébration démarre avec une alternance de paroles chrétiennes, musulmanes, bouddhistes et issues du judaïsme. Les textes des différentes traditions sont accompagnés de gestes symboliques pour représenter l’arbre, la terre, l’eau, les fruits et les fleurs.
COP-21-les-pelerins-climatiques-veulent-renverser-l-effet-papillon_article_mainPour la tradition musulmane, une femme peule, tchadienne, témoigne que dans son pays les effets du changement climatique se font déjà ressentir puisque l’eau est de plus en plus rare et l’air de plus en plus pollué : « Quand on se rencontre, on commence toujours par prier pour demander à Dieu de l’eau pour nos pâturages et pour être protégés des conflits. » Au nom des chrétiens, deux évêques protestants, venus d’Allemagne et d’Angleterre, soulignent l’importance de la marche pour prendre le temps de la méditation et d’entendre le kairos dans lequel nous sommes. À la suite du programme du Conseil œcuménique des Églises, qui associait la justice, la paix et la sauvegarde de la création, ils ont insisté sur la nécessaire solidarité envers ceux qui souffrent le plus des dérèglements climatiques.
Le judaïsme s’est fait discret, pour cause de shabbat. Mais un représentant de cette communauté lit plusieurs passages des Psaumes et souligne l’importance des arbres dans la tradition rabbinique. Enfin, les bouddhistes invitent l’assemblée à un temps de méditation pour prendre conscience de la relation entre tous les humains et le cosmos : « La seule chose à faire est de nettoyer nos cœurs et d’entrer dans le silence pour envoyer une énergie de paix et d’amour au monde entier. »
À ce moment spirituel succède un tempo plus politique avec la remise des pétitions (lire ci-contre et p. 15) dans une salle de la Légion d’honneur, toute proche. Serrés les uns contre les autres, quelque 400 marcheurs, responsables d’ONG, dignitaires religieux, assistent à un incroyable moment de communion autour du sort des plus vulnérables de la planète. Ils sont là pour la justice climatique, Climate Justice en anglais, le mot d’ordre de toutes leurs actions depuis des années.
Mariana Paoli fait partie du comité d’organisation. Brésilienne, vivant à Londres, elle est chargée de plaidoyer international pour Christain Aid. Samedi matin, pour elle et ses collègues, le stress est à son comble. Nicolas Hulot est attendu, un représentant de l’ONU… Questions de protocole, changements de dernière minute (Ségolène Royal, initialement prévue, a décliné), problèmes techniques, la tension monte. Puis, peu à peu, les pèlerins s’installent. Un des moments clés de de la mobilisation des religions pour la planète peut commencer… »

Les larmes de Christiana Figueres

Sans doute, ils n’oublieront pas. Les organisateurs de la Journée des religions pour le climat ont été marqués par la grande émotion qui a saisi Christiana Figueres lors de son adresse aux pèlerins pour le climat. En plus, ils ne l’attendaient pas. C’est son chef de cabinet, Daniele Violetti, qui devait être là. Mais elle est venue, en sortant de sa rencontre avec Laurent Fabius, qui lui avait juste remis les clés de la COP21. La secrétaire exécutive de la CCNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) a marqué ainsi l’importance qu’elle accorde à la mobilisation de toutes les femmes et hommes de foi. Des responsables religieux anglicans, sikhs, hindous, musulmans, chrétiens, brahmanes… lui ont présenté le résultat des pétitions rassemblées à travers le monde : 1 780 528 signatures ! Christiana Figueres a parlé d’amour de ses enfants, des proches et des lointains, dont les visages s’animaient sur de petits films vidéo. Longuement applaudie, réconfortée par Nicolas Hulot, cette diplomate costaricaine a démontré, dans ses mots et son corps, toute l’ampleur du défi auquel sont aujourd’hui confrontées la planète et la génération aux commandes du monde. Mais aussi tout le poids qui repose sur ses propres épaules. Car, en elle, ne pouvaient que résonner les mots de l’archevêque sud-africain Thabo Makgoba et du Philippin Yeb Sano : ce qui se joue au Bourget, c’est le nombre de morts dans nos pays…


Découvrir l’hebdo « Réforme » : climat : le plaidoyer des religions

1 Comment

  • Magnifique moment interreligieux, témoignage de foi et signe d’espérance !

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).