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COP21 : Un accord pour l’humanité ou pour quelques-uns ?

des-cles-pour-comprendre-les-enjeux-de-la-cop-21La Cop 21 a vite disparu des écrans radars, vite submergée en France par les élections régionales. Suivant les lunettes que l’on porte c’est un accord « juste et durable », « historique », comme pour Laurent Fabius.
Par contre les organisations de la société civile émettent d’autres appréciations : texte « insuffisant » , qui « nous conduit dans le mur ».
Comment apprécier les résultats à leur juste valeur ? Point positif 195 pays ont signé cet accord. Mais quelle sincérité au delà des mots ? … et en deçà de ceux qui n’y figurent pas ?
francois-hollande-et-laurent-fabius-president-de-la-cop21-lors-d-une-seance-pleniere-chargee-d-emotion-et-ponctuee-d-applaudissements-photo-afp-1449925181On peut promettre sur papier de limiter le réchauffement à 1,5 °; mais quels mécanismes seront mis en place pour les atteindre ? N’est pas une manière de permettre la poursuite des énergies nucléaires plutôt que des énergies vertes ? De même, l’accord insiste sur la nécessité de laisser dans le sous-sol 80% des ressources énergétiques fossiles déjà connues. Mais il n’est même pas fait mention de ces dernières, et one retient pas non plus d’objectif chiffré à un horizon précis.
Autre exemple : la régulation des pics d’émission : les pays industrialisés pourront continuer à émettre des gaz, à travers les activités industriel,s en créant de vastes puits pour les capturer, comme les plantation massives de forêts sous forme de monocultures … qui inévitablement viendront en concurrence avec les terres arables et les cultures vivrières des les pays défavorisés.
On note également qu’aucun objectif n’est fixé en termes de développement des énergies renouvelables.
201512060935-fullAutre interrogation : on connaît maintenant l’urgence des enjeux du réchauffement Or dans ces « engagements » il n’y a aucun bilan précis pour les réviser avant 2025.

La principale préoccupation porte sur les enjeux éthiques et d’équité à travers les nécessaires financements d’aide aux pays pauvres en première ligne du réchauffement, par ceux qui l’ont provoqué.
On l’a vu, combien les discours étaient âpres, difficiles et peu ouverts à l’altruisme pour y répondre. Bien sûr, la COP reconnait le besoin de soutenir les pays pauvres, et établit que cette aide devra être d’au moins 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Mais elle ne garantit pas que ces financements continueront à croître, et n’avance de fait, aucun montants…. Et sans doute, elles seront prélevées à travers des dispositifs tels que ceux organisés pour des catastrophes, ou à l’occasion des interventions militaires ou des moyens pour faciliter le pillage des pays pauvres dont les sous-sols regorgent de matières premières nécessaires à toujours plus d’industrialisation des pays dits « développés »; mais certainement pas à des mesures d’adaptation des pays en première ligne face au réchauffement climatique.

Signe de justesse et de vérité pour son analyse ? En tous cas, c’est le journal L’Humanité qui reproduira rapidement, dès le samedi 12 décembre, l’analyse du CCFd-terre solidaire ci-après. Cette association est connue pour ses plaidoyers et ses analyses dans les grandes in stances internationales. En quelques paragraphes tout est dit. Il nous (associations et sociétés civiles) à demeurer vigilants maintenant et « teigneux » pour que les engagements pris soient concrétisés rapidement et justement par les décideurs. Sinon la « justice » climatique deviendra impossible.

2015-11-29t132210z_1891350222_lr2ebbt114n4r_rtrmadp_3_climatechange-summit1_0Communiqué de CCFD-Terre Solidaire
La dernière version de l’Accord de Paris rendue publique aujourd’hui et proposée à l’adoption, échoue à assurer la protection des droits des populations. Sans mention des droits humains et de la sécurité alimentaire dans la partie opérationnelle du texte, et avec l’entrée du secteur privé et de ses fausses solutions dans la décision, les plus vulnérables qui subissent déjà le plus fortement les dérèglements climatiques risquent désormais de pâtir des actions engagées pour lutter contre leurs effets.
L’Accord relègue tout d’abord la question primordiale des droits humains (dont le droit à l’alimentation) au second plan en l’excluant de l’article 2 (objectifs de l’Accord). « La promotion, le respect et la protection des droits humains devraient pourtant conditionner toute action engagée pour lutter contre les dérèglements climatiques. Il s’agissait de la condition sine qua non pour poser les bases d’un accord juste. Comment peut-on parler aujourd’hui de justice climatique ? Nous devrons faire preuve de vigilance et assurer un suivi des actions mises en oeuvre et de leurs impacts sur les populations locales pour rendre les gouvernements responsables et redevables », déclare Anne-Laure Sablé, chargée de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire.
600 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de la faim en raison des dérèglements climatiques d’ici à 2080. Or, les Etats ont également renoncé à inclure dans l’article 2 la mention de « sécurité alimentaire », au bénéfice d’une vision dépassée qui met l’accent sur la « production alimentaire ». Ainsi, l’accès, la qualité et la durabilité de l’alimentation ne sont pas pris en compte. « Aberrant, alors que l’on sait que l’on n’a pas besoin de produire plus pour nourrir la planète, mais de produire mieux ! » poursuit Anne-Laure Sablé. « On voit bien qu’en faisant l’impasse sur la sécurité alimentaire, c’est en fait le modèle agro-industriel actuel que l’on cherche à protéger alors qu’il faudrait le remettre en question. Espérons que cette référence à la « production alimentaire » ne tuera pas dans l’œuf les négociations de la COP22, où se dérouleront les premières discussions sur l’agriculture. Ce n’est pas un bon signal, sachant que cette notion conduit à des pratiques qui menacent déjà la souveraineté alimentaire des populations ».
Par ailleurs, l’Accord ouvre la voie à une série de fausses solutions pour lutter contre les dérèglements climatiques et l’insécurité alimentaire. La reconnaissance et l’institutionnalisation du Lima Paris Action Agenda (LPAA) dans le texte, alors même qu’aucun critère clair permettant d’éviter les atteintes à l’environnement et aux droits des populations n’a été défini, pose problème. Des initiatives telles que la Climate Smart Agriculture ou encore le 4 pour 1000 s’inscrivent dans l’esprit de produire toujours plus et de séquestrer plus de carbone. « Loin d’assurer des actions transformationnelles, le LPAA ouvre la voie aux accaparements de terres, aux OGM et autres pratiques relevant du business as usual qui nuisent à l’environnement et aux droits fondamentaux des populations. En installant cet Agenda dans la COP 21, la France a contribué à réduire l’ambition de l’Accord », déclare Maureen Jorand, chargée de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire. « Le LPAA donne l’impression que la COP21 s’est penchée sur le secteur agricole avec des initiatives dédiées, mais il faut rappeler que le mot « agriculture » n’apparait pas une seule fois dans l’Accord ! C’est pourtant un secteur déterminant dans la lutte contre les dérèglements climatiques ».
Dans la même logique, au sein de l’Accord, la question des terres a été traitée sans se préoccuper des populations qui en vivent. En effet, toute référence au « secteur des terres », qui recouvrait la forêt et l’agriculture, assortie de garanties pour les populations, notamment sur le foncier, a été supprimée. Les terres sont devenues de simples « puits et réservoirs de carbone ». « Dans la vision de l’Accord, les terres deviennent de simples outils de stockage et de compensation des émissions. Et elles constituent l’un des éléments clés de la vision à long terme. Mais les terres ne sont pas des calculettes à carbone ! Des populations vivent dessus, en vivent aussi. Comment dès lors les assimiler uniquement à des puits ? Cela ouvre la porte à une financiarisation accrue de la nature et aux accaparements de terre. Surtout cela permettra de dédouaner les plus grands pollueurs qui au lieu de réduire leurs émissions, iront séquestrer du carbone, en particulier dans les pays du Sud », conclut Maureen Jorand.

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).