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Attentats : nous poser dans la Victoire du Christ pour vivre les combats du monde

trinite-à-genouxweb2Le texte qui suit a été accueilli par Léone Bréard – l’une des personnes qui sont à l’origine de la communauté TABGHA – en septembre 2001 après les attentats contre le World Trade Center à New-York.
Cette parole nous est redonnée aujourd’hui alors que l’histoire ne cesse de se répéter tristement. L’humanité est sidérée devant tant de violence et de haine gratuites.
Comment réagir devant l’horreur innommable des attentats terroristes, que ce soit à Nice ou lors de l’attaque dans l’Eglise saint Etienne du Rouvray, ou, malheureusement, ceux à venir ?
La Parole de Léone est toujours d’actualité … 15 ans après … La voici pour que tout un chacun puisse méditer et se l’approprier.


 » Les orientations que nous précisons d’année en année proposent de nous ouvrir de façon nouvelle au Christ pour découvrir, en écoutant sa Parole et en Le contemplant, comment nous laisser renouveler par sa vie pour vivre notre aventure humaine.
La nouveauté s’inscrit dans une continuité. Mais, cette année, le monde a vécu une rupture violente qui nous marque tous profondément. Le 11 septembre, le fragile équilibre mondial a basculé : montée de l’horreur, inouï de la destruction, de la haine, omniprésence depuis d’un climat de peur…
Chacun de nous a vécu les réactions, les lectures, les questions, les débats que ces événements ont provoqués. La question la plus souvent posée, explicitement ou implicitement, est : « Que faire pour que cela ne se reproduise pas ? » Les moyens humains : riposte, guerre, appels à la non-violence pour arrêter la violence, … font ce qu’ils peuvent mais révèlent leur peu d’efficacité, leurs limites, voire même leur dérisoire.
C’est dans ce contexte où le monde est ressenti plus dangereux que jamais que la Parole de Jésus a pris en moi des résonances nouvelles : « Courage ! J’ai vaincu le monde » (Jean 16, 33) ; et, en écho, a résonné aussi l’affirmation des premières communautés johanniques : « Notre victoire, c’est notre foi » (1 Jean 5,4).
Ce sont ces deux paroles qui semblent être à entendre aujourd’hui. Qu’elles fassent leur œuvre en nous !

« Voici venir l’Heure – et elle est venue – où vous serez dispersés chacun de votre côté et me laisserez seul. Mais je ne suis pas seul : Le Père est avec moi. Je vous ai dit ces choses pour que vous ayez la paix en moi. Dans le monde, vous aurez à souffrir. Mais, gardez courage ! J’ai vaincu le monde. » (Jean 16, 32-33)
Dans quel contexte Jésus dit-il cette parole ?
C’est au moment de la venue de l’Heure de Jésus : Heure où il aima les siens “jusqu’au bout”, insiste l’évangéliste. Il vient de vivre le lavement des pieds (Jn 13), il a annoncé la trahison de Judas et Judas est sorti. Jésus adresse alors aux siens son discours d’adieu. Il faut être attentif à ce contexte de trahison, d’hostilité, de peur, de mort imminente, pour entendre les paroles de Jésus. Dans ces paroles d’adieu, Jésus dit, redit, aux siens ce qui lui tient le plus à cœur, ce qu’il désire de tout son cœur qu’ils sachent à jamais :
– Qu’ils parlent au monde d’un Dieu à genoux devant les siens pour les servir ; qu’ils disent au monde que Dieu s’occupe de chacun, gratuitement, de la tête aux pieds (Pierre a beaucoup de mal à accepter cela).
– Qu’ils entendent que leur est confié de continuer d’inscrire dans le monde ce que, Lui, Jésus a fait pour les siens :
*« Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car c’est un exemple que je vous ai donné pour que vous fassiez vous aussi comme moi j’ai fait pour vous. »
*« Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres ; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres ».
*…
– Qu’ils soient assurés par la promesse que Jésus leur fait de ne pas les laisser orphelins. Jésus leur promet l’Esprit de Vérité : le Consolateur, le Défenseur, …
– Qu’ils ouvrent leur cœur à ce que Jésus seul peut donner : sa Paix.
– Qu’ils perçoivent la plénitude du mouvement de la vie de Jésus : « Je suis sorti d’auprès du Père et venu dans le monde. A présent, je quitte le monde et je vais vers le Père. » Ce mouvement, les siens ne l’entendent pas. Ils ne pourront le comprendre que sous la motion de l’Esprit de Jésus et du Père.
C’est aussitôt après avoir réaffirmé ce mouvement de sa vie que Jésus leur parle de l’épreuve qui les attend tous pour vivre le monde. Et Jésus prononce, en point d’orgue, ces paroles : « Courage, j’ai vaincu le monde. »
Le monde qui fait peur, le monde qui fait souffrir, le monde qui tue, le monde qui organise l’échec de l’Amour, ce monde est vaincu : il est emmené par Jésus dans l’amour du Père.

Courage … Les difficultés, les peurs sont là, très présentes et nous atteignent à l’intime de nous-mêmes. La peur nous défigure, altère nos paroles, nos gestes, notre vie en relation. … La dépasser, ce n’est pas l’ignorer. C’est aller au cœur de soi, là où notre chair est habitée de Celui qui est Verbe, Parole du Père. Posés en Jésus, nous sommes avec Lui et en Lui posés dans le Père. C’est là et là seulement que nous trouvons une assise sûre. (…) Si nous ne sommes pas posés dans le Père, nous vacillons sous les assauts du monde.
J’ai vaincu le monde ... Ce que nous avons à vivre au cœur du monde, c’est la manifestation de cette Victoire de Jésus. Nous n’avons pas à vivre les combats dans le but de remporter la victoire … la Victoire est remportée, nous avons à nous mettre en cette Victoire pour vivre les combats du monde.

Que veut dire “nous mettre en cette Victoire” ?
Nous sommes dans le monde … le monde où Jésus est venu. Au moment de son Heure, qu’évoque-t-il aux siens de ce qu’ils ont à vivre dans le monde ?
– Se mettre à genoux les uns devant les autres pour participer à cet agir de Jésus qui n’est absolument pas l’agir ni la façon d’être que le monde attend de Dieu : à genoux, se laver les pieds les uns aux autres, c’est-à-dire prendre soin de tout ce qui permet à chacun de “passer”, d’aller vers le Père.
– Accueillir « Celui que j’aurai envoyé », c’est-à-dire l’Esprit Saint et « Celui qui m’a envoyé », c’est-à-dire le Père. « Ceux qui accueillent l’Esprit et le Père m’accueillent » (Jn 13, 20).
– Entendre le commandement nouveau : « Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13, 34).
– Croire : « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi » (Jn 14, 1.11).
– Demander en son Nom.
– Garder ses commandements, sa Parole.
– Accueillir la Paix que Lui donne à cet instant ultime tout autrement que le fait le monde. – Demeurer en Lui – témoigner sous la motion de l’Esprit que Jésus enverra et se laisser introduire dans la Vérité par l’Esprit de Jésus.
Au moment où Jésus va être séparé des siens, Jésus ne s’occupe pas de leur rappeler où de leur montrer un agir. Il se soucie seulement de la relation des siens avec Lui et avec ceux avec qui Lui est en relation : le Père, l’Esprit, les Frères. C’est donc là que se joue la manifestation au monde de la Victoire de Jésus.

Tous nos agirs, prière, enseignement, guérison … rien ne tient sans ce vécu relationnel avec Jésus. C’est parce que cette relation est vivante que la Victoire est remportée …
« Notre Victoire, c’est notre Foi » (1 Jean 5, 4)
Ce que les disciples entendent le plus difficilement, c’est que la vie de Jésus est accomplie par le retour au Père. Ils sont rassurés de l’entendre dire qu’Il vient de Dieu … mais ils n’entendent pas que l’accomplissement de tout, c’est le retour de tout, en Jésus, vers le Père.

Que tout au long de cette année,
– Nous prenions un soin nouveau de la relation à Jésus, au Père, à l’Esprit, aux Frères ; – Nous laissions guider par l’Esprit pour vivre la vérité et qu’Il nous sorte des confusions dans lesquelles nous risquons toujours de nous embrouiller (par exemple confondre “manifester la Victoire” et remporter la victoire ; ou confondre Sa Victoire et nos réussites ; …)
– Nous laissions Jésus vivre en nous tout du mouvement de sa vie. Il n’y a qu’en Lui qu’il y a un au-delà du monde. Et cet au-delà est Amour d’éternité, de l’origine à l’accomplissement. »

lire aussi, – de Véronique Magron, dans La Croix : « La détestation de l’autre sape la société »
– de René Pujol, Face au terrorisme : la démocratie comme combat !

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).