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Discerner les appels de l’Evangile

bible-3Voici un texte de Jean Rigal, paru dans le journal La Croix le 10 octobre dernier. Pour lui, « la foi chrétienne ne nous livre pas des solutions toutes faites et toujours claires pour ouvrir les différents chemins de l’existence. » Comment ne pas penser à la phrase de Jean sans son épître : « Celui qui dit qu’il aime Dieu et qui n’aime pas son frère est un menteur. » (1 Jn 4, 20).

« La foi chrétienne ne nous livre pas des solutions toutes faites et toujours claires pour ouvrir les différents chemins de l’existence. L’Évangile nous donne des repères fondamentaux mais il ne nous communique pas des recettes précises. Il appelle plutôt à se mettre en route. Il éclaire des choix et rappelle des exigences. Il en va de même pour l’Église. C’est bien dans la rumination de l’Évangile que la communauté chrétienne peut ouvrir de nouveaux chemins et réaliser sa mission. Différents critères permettent d’opérer un vrai discernement.
Le premier critère est la parole de Dieu
ou l’Évangile entendu dans son sens le plus large. Ce qui consone avec la parole de Dieu, ce qui conduit à l’Évangile ou s’en inspire est assurément un signe des appels de l’Esprit Saint. Jésus, dès sa première prédication à Nazara, fait le lien entre l’Esprit et l’annonce de la Bonne Nouvelle (Lc 4, 18 : « L’Esprit du Seigneur est sur moi. Oui, il m’a choisi pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé pour annoncer aux prisonniers : Vous êtes libres ! et aux aveugles : Vous verrez clair de nouveau ! Il m’a envoyé pour libérer ceux qui ne peuvent pas se défendre, ur annoncer : C’est l’année où vous verrez la bonté du Seigneur ! »).
On pourrait multiplier les citations.
L’amour fraternel constitue un second appel.
« Celui qui dit qu’il aime Dieu et qui n’aime pas son frère est un menteur. » (1 Jn 4, 20). Commentant le chapitre 25 de l’Évangile de Matthieu, Benoît XVI écrit dans son encyclique Dieu est amour : « L’amour de Dieu et l’amour du prochain se fondent l’un dans l’autre » (n. 15). En Jésus-Christ, la religion cesse d’être définie comme relation verticale à Dieu ; elle devient simultanément relation au prochain. On s’approche de Dieu en s’approchant d’autrui. Mais réciproquement, s’approcher de Dieu exige que l’on s’approche de l’autre.
Un autre critère s’inscrit dans la vie sacramentelle et plus largement dans la prière, tant personnelle que communautaire.
La prière est essentielle pour se mettre en état de vraie liberté spirituelle devant les choix de l’existence. « Dans la prière, Dieu élargit le désir… Dieu veut que notre désir s’excite par la prière, afin que nous soyons capables d’accueillir ce qu’il s’apprête à donner », explique saint Augustin.
La dimension ecclésiale constitue un nouveau repère.
Déjà sur le plan psychologique, la régulation de la communauté est précieuse pour objectiver un jugement et prendre de la distance par rapport aux réactions spontanées. Le discernement prend une nouvelle dimension lorsqu’il se fait en Église et débouche sur la construction du corps ecclésial.
Un autre critère se situe dans ce que l’Apôtre Paul appelle les fruits de l’Esprit :
« amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi » (Ga 5, 22). La paix et la joie ont été souvent rappelées par la tradition spirituelle.
Relevons aussi l’importance de la durée ainsi que la cohérence des choix essentiels de l’existence.
L’instant, le cliché, l’épisode, le ponctuel, pris en tant que tels, sont muets. Seule la relecture de l’histoire permet un regard plus objectif dans la mesure où l’on pourra situer tel événement, telle situation comme segments d’une courbe aussi ample que possible.
L’authenticité des appels est encore à discerner,
non pas dans la matérialité des faits ou des situations, mais dans les déplacements intérieurs qui s’opèrent, dans les cœurs qui se convertissent, dans ce qui « bouge » au plus intime de l’existence. « Fais-nous revenir » chantent les psaumes.
Soulignons, enfin, l’importance des attitudes.
On conviendra que l’autosatisfaction ou l’orgueil ne sont pas des signes d’authenticité spirituelle. Par contre, l’humilité, la disponibilité consonent avec le message de l’Évangile. L’humour aussi, dans la mesure où il permet de voir la seconde dimension des choses, au-delà des réactions primaires, irréfléchies ou trop affectives.

Est-il utile de souligner que ces huit critères sont indissociables ? Ils s’enchevêtrent. Ainsi, la prière renvoie à l’amour des frères et réciproquement. C’est le lien entre ces différents critères qui me semble donner toute sa force à l’enseignement du pape François. C’est pour cette raison, me semble-t-il, que sa parole connaît un large retentissement.
La religion cesse d’être définie comme relation verticale à Dieu ; elle devient simultanément relation au prochain. On s’approche de Dieu en s’approchant d’autrui. Mais réciproquement, s’approcher de Dieu exige que l’on s’approche de l’autre.

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).