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Il y a urgence pour les chrétiens d’Orient

chretiens_irakIls sont Arabes. Assyriens. Arméniens, rescapés du génocide, il y a cent ans. Catholiques, orthodoxes, protestants, ils vivent au Liban, en Syrie, Irak, Jordanie, Égypte, Palestine, Israël, Turquie, Iran ou à Bahrein. Ils sont les chrétiens d’Orient et leurs églises racontent, pour les plus anciennes, le christianisme en son berceau, de Jérusalem à Damas, d’Antioche à Bagdad. Coptes, maronites, chaldéens, syriaques… Liturgies comme des patrimoines de l’humanité, certains prient encore en araméen, la langue du Christ, à l’instar du père Tewfik, de rite grec melkite catholique à Maaloula.Il y a urgence pour les chrétiens d’Orient.

Radicalisation des sociétés musulmanes
Combien restent-ils ? C’est toute la question qu’on se pose désormais devant les ruines de leurs quartiers, dans les zones de conflit. L’an dernier, l’organisation catholique Aide aux églises en détresse (AED) évaluait leur présence au Moyen-Orient à 14 millions dont plus de 8 millions de Coptes égyptiens. Mais elle constatait aussi partout l’effondrement de leurs populations.
250 000 à Bagdad avant la guerre, persécutés depuis 2004, ils y survivent aujourd’hui quelques milliers.
En Syrie ? «Prêt d’un million seraient partis, bouleversant la démographie du pays», résume le révérend Harout Selimian, président des églises protestantes arméniennes de Syrie. Irak, Syrie… «L’influence de l’extrémisme islamique et notamment du groupe État islamique a pour effet une radicalisation des sociétés musulmanes, avec un rejet de plus en plus grand de toute présence chrétienne», analyse pour sa part l’ONG protestante Portes Ouvertes dans son index mondial 2016 des persécutions des chrétiens.

Daech a transformé des églises en prison !
Mais… «Le monde préfère se préoccuper des pandas plutôt que de nous, menacés de disparition sur les terres qui nous ont vus naître», se désole Mgr Nicodème Daoud Sharaf, archevêque syriaque orthodoxe de Mossoul, réfugié à Erbil, capitale d’un Kurdistan irakien accueillant plus de 120 000 chrétiens ayant fui le jihadisme salafiste et la charia.
Chez lui et dans la plaine de Ninive ? Daech a détruit ou ravalé en prisons les 45 églises de la ville, transformé sa cathédrale en mosquée, réduit en cendres des écritures du IIe siècle et fait sauter, ce lundi, le clocher de Notre-Dame de l’Heure que l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, avait offert aux dominicains. Un véritable «nettoyage confessionnel» qui «ne concerne pas que les chrétiens mais aussi les musulmans non salafistes et toutes les minorités du Moyen-Orient, chiites, alaouites ou Yézidis étant aussi visés par cette monstrueuse entreprise d’effacement humain et culturel», rappelle le député de Haute-Garonne Gérard Bapt (PS), président du groupe d’amitié France-Syrie. Ce que confirment, unanimes, les évêques et patriarches qu’il a rencontrés la semaine passée à Erbil, Beyrouth ou Damas, ave c la CHREDO, la coordination Chrétiens d’Orient en danger (lire page 3).

Le vivre-ensemble contre le fanatisme
«Chrétiens, musulmans, nous sommes dans le même bateau et le danger serait de ne se préoccuper que de la défense des siens», résument-ils, se battant pour que les chrétiens d’Orient restent chez eux, refusant un exode qu’ils savent sans retour. Refusant tout esprit de croisade, aussi, militant au contraire pour le «vivre ensemble» contre le fanatisme. «La question, c’est la survie du monde oriental, de la civilisation», insiste Vian Dakhil, la députée yézidie irakienne se battant pour la survie de son peuple. Et elle prononce aussitôt le mot «génocide».
Aucun n’est dupe. «Ce n’est pas une guerre de religions». Tous savent qu’ils sont les victimes de l’affrontement auquel se livrent par procuration la Turquie islamiste, l’Arabie saoudite et le Qatar wahhabites, à la fois adversaires et alliés, car tous ennemis de l’Iran chiite et avides de redécouper la région selon leurs intérêts concurrents.
Français d’origine libanaise et président de la CHREDO, Patrick Karam, vice-président (Les Républicains) de la région Ile-de-France, refuse lui aussi cette confessionnalisation du conflit. «C’est d’abord le problème des droits de l’Homme que posent ces persécutions», rappelle-t-il. Dans une région où les chrétiens sont traditionnellement un élément modérateur entre sunnites et chiites autant qu’un trait d’union entre Orient et Occident, «au-delà, ce sont aussi les intérêts mêmes de l’Europe qui sont en jeu» conclut tout francophone, en Syrie, au Liban… article paru dans la Dépêche du Midi

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).