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La meilleure réponse à la violence est dans encore plus de démocratie

media-mensongesCet article est un peu long mais mérite je crois qu’on s’y attarde.
Il y a quelque chose dans la vie sociale actuelle qui ne semble pas ajusté depuis le début des attentats.
Il est important de dire les choses clairement et non se taire, même au risque de briser l’apparent consensus qui s’est établi.
« La Vérité vous rendra libres » dit Jésus dans l’Évangile de Jean.
Parfois, cette vérité qui nous conduit à l’authentique liberté n’est pas toujours bonne à entendre aujourd’hui. Mais qu’importe, allons-y !

Suite à ces attentats donc, des mesures ont été prises par le gouvernement. Certaines fermes et heureuses répondant ainsi à l’ampleur des événements.
Par contre, d’autres interrogent. Ne relèveraient-elles pas de ce que Naomi Klein appelle « la stratégie du choc » suivant le titre de son livre le plus populaire (paru en 2009)?

De quoi s’agit-il ?
En résumé, Naomi Klein soutient que lors d’un événement subi ou provoqué d’une grande ampleur (typhon, tremblement de terre, guerre civile ou entre pays, dictature…), ces crises et ces désastres, d’ordre naturel ou psychologique, provoquent un effet de sidération énorme dans la population concernée.
C’est à ce moment que les tenants d’un ultralibéralisme tout puissant (économico- financier) tente d’assurer le contrôle du pays en imposant des réponses « à chaud » qui violent les droits des populations, en imposant des réformes ou des décisions qui n’aurait pas été prises en temps normal. Il faut le faire vite sans que la population n’ait eu le temps de réagir.
Ces modes opératoires, peuvent aussi se faire d’une manière suffisamment lente, échappant ainsi à la conscience et ne suscitant plus ni questionnement, ni opposition, ni révolte. Comme un lent poison.
Les médias, pour Naomi Klein, participent à insidieuse banalisation laissant ainsi indifférents la plupart des gens. Ils édulcorent les réalités et émoussent tout sens critique.


peuple Que voyons-nous à la suite des attentats qui a plongé notre pays dans une profonde sidération ?
– la mis en place d’un « état d’urgence », qui, s’il tranquillise la population, laisse les mains libres pour les opérations policières ou militaires dans le pays ou à l’étranger. Rien ne justifiait cet état : notre arsenal juridique se suffisait à lui-même.
Il va sans dire que les libertés sont de plus en plus limitées, les actions de contestation interdites. (Durant la COP 21, vous pourrez aller aux Transmusicales à Rennes ou au Marché de Noël à Strasbourg mais il vous sera interdit de défiler avec les associations citoyennes pour peser sur les décision à prendre pour l’avenir de la planète).
Perquisitions sans autorisations judiciaires qui effarent les juges, arrestations de jour et de nuit, écoute généralisée , fichage des déplacements de chacun (on sait qu’un terroriste voyage toujours par avion et en plus avec son vrai nom sur son vrai passeport !) : les équipes de renseignements s’en donnent à cœur joie, raclent profond et ramènent dans leurs filets des innocents. Prix à payer diront certains…
– la décision de partir « en guerre » contre un ennemi. Lequel ? s’il se trouve dans notre pays alors nous sommes en guerre civile, français contre français. S’il est à l’extérieur, où se situe-t-il ? l’Etat islamique de Daech puisqu’il faut le nommer, est-il une « cible crédible » ? N’avons-nous pas à faire à de vrais terroristes criminels plutôt qu’à un état de droit ?
Dans ce cas, pourquoi cette effervescence peu digne d’hommes responsables ?
– si cela est, pourquoi alors utiliser ces termes guerriers et revanchards ? Que cachent ces propensions à vouloir à tout prix aller, la fleur au fusil , »régler des comptes » ‘ qui ne dureront « que trois mois » ? (comme en 14- 18 ou 39-45). Nous sommes enlisés au Mali sans perspective de sortie; nos interventions en Lybie, en Afghanistan n’ont guère montré le côté éclairé et efficace de nos interventions…
– Chose impensable, devant « l’urgence », sans recul ni réflexion, on amende la constitution, sans référendum aucun. Les députés votent comme un seul homme ces amendements, pris dans les enjeux électoraux à venir ou dans le souci de leur maintien en place. Ils surfent sur l’émotion des gens et par leur votre unanime (à 6 exceptions près), ils accréditent, avec l’état d’urgence, la thèse d’une « guerre » que nous aurions à mener contre le terrorisme et nous engagent dans une fuite en avant sans issue. Si des mesures de sécurité sont évidemment nécessaires, rien ne saurait justifier la restriction des libertés publiques.
– Tous ces actes « justifient » l’abandon de la règle des 3 % de déficit au niveau européen à ne pas dépasser. Alors, puisque nous sommes en « état d’urgence », dépensons gaiement, en armements, en raids guerriers, puisque nous sommes en « état de légitime défense »… Belle manière de faire grandir l’Europe…
– Au niveau de la société civile, aujourd’hui tout quidam peut être arrêté sous le prétexte « d’atteinte à l’ordre public » . On perçoit la menace majeure pour la démocratie et la vie quotidienne, surtout quand on sait que les mesures prises sont pratiquement inefficaces. Le pouvoir politique décide donc. sans encadrement de juges. La nécessaire séparation des pouvoir n’existe plus : la justice ne contrôle plus l’exécutif. On voit le danger pour toute démocratie digne de ce nom… surtout qu’on va armer les policiers municipaux, sans aucune réflexion en amont, aucune étude , aucune réflexion… est-ce justifié ? Qu’en pensent ceux qui ont fait cette expérience comme au USA dont on sait les dérives de ce genre de décision ?
– La classe politique quasi unanime vote aujourd’hui la prolongation de l’état d’urgence et un ensemble de mesures d’États sécuritaires, accréditant ainsi la thèse d’une guerre que nous aurions à mener contre le terrorisme et nous engageant dans une fuite en avant sans issue. Un « état d’urgence » est quand même plus porteur que la situation des migrants qui nous a tenu en haleine pendant des mois mais qui s’essoufflait à l’approche des Régionales.

explosion A qui profite ces méthodes ?
* à vue de nez, les industries d’armement s’en tire bien ! La France est devenue second vendeur d’armes de guerre dans le monde. Les lobbys militaires font bien leur travail puisque nous vendons des armes à ceux que nous disons combattre par le biais du Qatar et de l’Arabie Saoudite.
* la surenchère des politiques de tous bords interroge : chacun veut être « calife à la place du calife » qui veut garder sa place. Ceux-ci trouvent de « bonnes » raisons d’entretenir ce climat : en mettant l’accent sur des réponses de violence et de vengeance suite aux attentats, en entretenant et en faisant mousser un climat d’insécurité, ils évitent ainsi qu’on se penche un peu trop sur les vrais problèmes : chômage de masse, réchauffement de la planète, déficit, perte des cadres sociaux tel que code du travail, désencadrement des protection sociales (santé).
* A nommer ainsi ces « lieux » qu’on ne saurait voir, on esquive et on cache les véritables enjeux : les entreprises multinationales qui prônent la dérégulation des emplois, tentent de mettre en place une protection sociale privée, licencient à tour de bras pour pouvoir bénéficier d’une nouvelle main d’œuvre corvéable à merci, patronnent la COP21 pour se faire un habit vert alors qu’elles sont les principales pollueuses de la planète, instaurent le fumeux traité transatlantique sans personne n’ait son mot à dire…
la liste est longue et pourrait prêter à énervement … Arrêtons là !

Sacrifier liberté et sécurité ?
L’union nationale qu’appelle nos responsables est un leurre, même à travers de cérémonies grandioses aux Invalides (belles, il est vrai, et nécessaires pour faire son deuil).
Mais ouvrons les yeux et ne gobons pas les discours et les commentaires médiatiques dominants. Notre Pays, notre patrie mérite mieux. (d’ailleurs avez-vous vu que le mot « Patrie » a disparu des discours et que maintenant nous avons à faire à la « République » ? )
Pour terminer ce sombre tableau, notons combien politiques et médias surfent sur un soutien sans faille de la population : les mesures prises sont soutenues par 90 % des Français. Ils sont prêts à renoncer à leur liberté pour plus de sécurité. Les lois d’exception sont prises par le gouvernement et les députés. Rien à redire. Pourquoi alors se plaindre ? Parce que la démocratie est en jeu, ou du moins ce qu’il en reste. Ces lois et ces décisions nous mènent à une certaine forme de « monarchie », voire de totalitarisme sous couvert de « démocratie » …
C’est Benjamin Franklin qui affirmait : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux. »
Alors, où sont donc les valeurs de la République ? Où sont les convictions républicaines qui ont fait la France et que le monde nous envie. Ah si nous responsables au lieu de foncer tête baissée et sans réflexion dans ce cauchemar avait tenu un discours fondateur tel que celui du premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg, après les attentats d’Oslo en 2011 : « Nous devons montrer que notre société ouverte peut faire face à cette épreuve. La meilleure réponse à la violence est dans encore plus de démocratie. Encore plus d’humanité. Mais jamais de naïveté. C’est quelque chose que nous devons aux victimes et à leurs familles. Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d’ouverture et plus de tolérance ». Ne serions-nous pas sur un chemin qui va à l’opposé ?

Sommes-nous hors sujet en abordant ces problématiques dans ce site ?
Lors de nos travaux de réflexion communautaires en Tabgha il y a deux ans, nous pointions la nécessité de « connaître » le monde dans lequel nous vivons.Ce n’est pas un monde de bisounours, on le voit.
einsteinPourquoi mieux le connaître ? Parce qu’il nous faut choisir et « être dans le monde, sans être du monde ». Parce que là, dans cette réalité de terrain, nous avons à semer à temps et à contre temps les graines de vérité, de justice et de solidarité.
Parce que l’Incarnation prend tout son sens dans le concret de cette vie, et que ni propagande ni effets de manche ne doivent nous aveugler et nous détourner de la mission qui est la nôtre : être ferment d’unité, d’amour inconditionnel.
Oui, un chrétien se doit de réfléchir et se faire une idée de la marche du monde. C’est le premier pas pour ne pas se laisser manipuler et aveugler.
Premier pas pour ensuite dénoncer les collusions ahurissantes, les précipitations hasardeuses, les calculs intéressés, les égoïsmes replets et satisfaits.
Premiers pas aussi pour participer à l’établissement de la vérité et « aller aux périphéries » comme le souhaite le pape François.
Premiers pas encore pour apprendre à changer de logiciel : Ne pas se satisfaire de discours sécuritaires lénifiants et trompeurs prononcés sur le dos d’une belle solidarité, mais mettre notre foi et notre espérance dans Celui qui « donne la Paix à notre temps » et qui nous « rassure devant les épreuves en cette vie où nous espérons le bonheur qu’il nous promet… » (prière après le Notre Père lors des eucharisties).

Dans les deux cas, cela ne changera rien sans doute à la possibilité de futurs attentats (Nous ne serons jamais à l’abri de fanatiques et le meilleur dispositif policier du monde n’y changera rien). Mais à l’intime de chacun, nous saurons que le monde est vaincu. Non par puissance ou par force mais par l’Amour.
Forts de cette conviction, « n’ayons pas peur ».
Parce qu’il est de silences coupables, nous vous partageons ce qui nous semblait être une vérité autre que celle du discours dominant.

D’accord, pas d’accord ? Merci de réagir

Xavier

PS.
Vous ne connaissez pas le best-seller de Naomi Klein « la stratégie du choc » ?
C’est un incontournable pour comprendre notre monde aujourd’hui et ce qui le mène.
Google vous aiguillera amplement avec ce titre
Voici aussi quelques liens pour découvrir les enjeux du capitalisme totalitaire à travers le film (80 mn)
la stratégie du choc de Naomi Klein
et la stratégie du choc en France aujourd’hui : Vidéo-conférence d’Annie Lacroix-Riz (78 mn) et aussi :
http://www.youtube.com/watch?v=2xuoa7tF-x8
http://jaiundoute.com/dossiers/01/2012/la-strategie-du-choc/ (rassurez-vous, seule l’introduction est en anglais)

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).