Color Selector

default niceblue intenseblue otherblue blue puregreen grassgreen green olive gold orange pink fuchsia violet red

Container Selector

Article

« L’âme du monde est malade »

pollution_agustin-ruizNous voici donc à l’entrée de la COP 21. Moment décisif de l’histoire humaine… Dernière ligne droite avant les décisions difficiles mais incontournables.
Saurons-nous voir leurs actualités et leur urgence ?
A défaut, sans doute, de ne pouvoir manifester, prenons encore le temps de la réflexion. Voici, dans une intervention prononcée au Sénat, le 21 mai 2015, lors du colloque « Le climat : quels enjeux pour les religions ?» >, Nicolas Hulot exhortait les représentants religieux à s’emparer pleinement du défi.
Extraits.


La planète peut très bien se passer de l’humanité, mais l’humanité peut-elle se passer de la planète ? /…/ Je suis envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète, mais, à la réflexion, je me demande si cette idée est bien fondée : ce qui nous réunit, c’est d’abord l’avenir de l’humanité. Lorsque j’ai accepté cette mission, il m’a semblé évident et nécessaire, entre autres rencontres, de créer une passerelle avec les autorités religieuses. J’ai fait semblant de ne pas entendre, de ne pas voir les sourires narquois : « Hulot se rend au Vatican », « Il est tellement déprimé qu’il va chercher un miracle »…
Il est pourtant important qu’à la dimension horizontale, que les chefs d’État et responsables politiques et économiques auront à traiter avec des outils technologiques, juridiques, institutionnels, économiques et financiers, l’on ajoute une dimension radicale. Car je crains que dans le bruit de fond de nos sociétés, où nous avons du mal à distinguer le superficiel de l’essentiel, cette crise apparaisse comme une difficulté parmi d’autres. Et je pense que vous [représentants des religions] pouvez nous aider à placer cette crise à un niveau supérieur, à faire en sorte que cette humanité n’esquive pas le rendez-vous critique auquel elle est confrontée…. /…/

Dans un monde qui n’a pas besoin d’humiliations ou de sources de tensions supplémentaires, la crise climatique affecte et frappe prioritairement des hommes, femmes et enfants, déjà en situation de vulnérabilité n’ayant pas, pour la plupart, connu les bénéfices d’un mode de développement qui parfois s’est même fait sur leur dos et dont ils subissent les conséquences négatives. Dans un monde aussi réactif, nous faisons, avec cette ultime humiliation, le lit de toutes les radicalisations ou de tous les intégrismes. Prendre en charge collectivement l’enjeu climatique, c’est pacifier le monde ; laisser le temps nous dicter la mutation, c’est nous livrer à un XXIe siècle où les tragédies du XXe siècle nous sembleront dérisoires. C’est un moment de vérité : la nature nous teste sur notre détermination.

Vous devrez nous aider à faire en sorte que derrière les mots pleins d’empathie, parfois larmoyants, parfois sincères, mais parfois éloignés d’une certaine sincérité, les responsables politiques mettent en place les changements à la hauteur. Vous devez nous aider aussi à nous relier, car l’homme n’est plus relié à rien. /…/ L’homme doit être économe de la nature. Vous devez nous le rappeler. Les confessions, même si elles ne sont pas les seules, sont des voix qui passent au-dessus du bruit de fond de nos sociétés, qui peuvent remettre les choses dans le bon ordre, l’essentiel en haut et le superficiel en bas. Je cite souvent Teilhard de Chardin : « Un jour, quand nous aurons maîtrisé les vents, les vagues, les marées et la pesanteur, nous exploiterons l’énergie de l’amour. Alors, pour la seconde fois dans l’histoire du monde, l’homme aura découvert le feu. » /…/

Jean Rostand disait : « La science a fait de nous des dieux avant de faire de nous des hommes. » Aidez-nous à accomplir notre phase d’humanisation. On dit que les religions sont « expertes en humanité » : nous allons savoir en fin d’année si nous parvenons à cette pleine humanisation. Je ne suis ni désespéré ni d’un optimisme absolu : simplement, nous sommes sur une corde raide où nous pouvons basculer dans le fatalisme et la reddition ou, à l’inverse, nous retrouver sur ce qui nous rassemble et faire faire un saut qualitatif à l’ensemble de l’humanité. Encore faut-il partager une vision, redonner du sens au progrès. Qui mieux que vous peut nous y aider ?

lire l’article dans son intégralité

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).