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Le défi de l’unité et de la paix

JeSuisLaVieComment ne pas communier à toute la souffrance et l’incompréhension des intéressés et de toutes leurs familles touchés par les attentats de Paris ?
Face à l’absurde, l’innommable, le non-sens, ce sont nos entrailles qui se retournent de compassion pour ces personnes, comme celle du Christ face aux foules qui erraient comme des brebis sans berger.
L’émotion est bien là.
La compassion et la sympathie montent en nos cœurs.
Tout comme nos pauvres prières qui disent notre impuissance et notre côté démuni face à ces assauts meurtriers.
Mais monte aussi, subtilement, le venin de la vengeance et de la violence qui s’appuie sur le découragement et le manque d’espérance.

Nous voici confrontés à un triple défi : celui de l’unité et de la Paix dans le monde, dans notre pays et dans nos vies.

– dans le monde :
Jamais la Paix n’a été aussi fragile. Nous sommes désormais « en guerre ». Dans cette « troisième guerre » comme le dit le Pape François qui n’a aucun contours : pas d’adversaire ciblé, pas de pays, pas de motif sensé… si ce n’est celui du profit et de l’argent.
Avec, en certains de nos dirigeants, une volonté farouche d’en découdre et de répondre à la violence par la violence malgré tous les appels à ne pas répondre par l’escalade aux tentatives de déstabilisations que veulent les adversaires : tomber dans le piège d’une réponse disproportionnée pour asseoir leur statut de victimes, pour justifier leur haine, pour pousser à s’enliser dans un conflit sans issue comme en Afghanistan, en Irak …
Nous sommes aussi en guerre économique : la France est devenue le second pays exportateurs d’armes au monde. Quelle manne financière ! Pour ce faire, tous les coups bas sont permis : composer avec des pays comme l’Arabie Saoudite ou le Qatar qui financent Daesh, fermer les yeux sur les doubles jeux de la Turquie ou des USA …
Pour certains ça fait peut-être un « bien » immédiat de se défouler mais à moyen ou long terme, ne risque-t-on pas d’entretenir cette violence et cette haine que nous dénonçons avec superbe ? … et que nous entretenons depuis des lustres ! Quelle hypocrisie !
Pendant ce temps, les populations terrorisées se terrent sous le déluge de nos bombes, fuient les massacres à tout rompre…

– dans notre pays :
Balayons d’abord devant notre porte.
Certains partis s’emploient avec la ruse du serpent à jeter de l’huile sur le feu à coup d’amalgames : immigrés = terroristes; musulmans = terroristes; race blanche # de race noire. supériorité de la première…. Nous voyons planer l’hydre du fascisme à travers les « ratonnades », le mépris, les violences larvées.
Les réponses de ceux qui s’instituent « chef de guerre » de leur propre autorité sont-elles vraiment adaptées aux enjeux ?
Notre devise républicaines en prend un coup : les libertés sont de plus en plus étriquées sous couvert de sécurité, la fraternité tourne à la méfiance, à la suspicion et à la peur de l’autre, l’égalité n’a jamais été aussi absente de notre vie sociale et économique : bien commun confisqué au profit de quelques uns…
Bien sûr on ne peut rester les bras croisés et il faut réagir. Mais dans l’unité et la fermeté.
Un état d’urgence imposé d’en haut, sans la participation et l’avis des citoyens ou de leurs représentants élus, ne peut que déresponsabiliser, décrédibiliser et installer pour de bon la peur dans les vies et dans les cœurs et cette peur est le piège dans lequel veulent nous enfermer nos ennemis. Y succomber sera leur succès : d’avoir réussi à mettre en nous, de nous-mêmes, ce venin au cœur de toute vie sociale.

– dans notre vie.
Là est le lieu véritable du combat. Comme nous l’écrivions plus haut là, les forces de mort rôdent. En nos cœurs aussi. L’ennemi y est présent. prêt à jaillir à travers un jugement définitif, des affirmations qui tuent, des mots qui blessent. Voire des passages à l’acte…. La frontière est ténue et sans une attention de tous les instants nous risquons de tomber dans la désespérance et le repli sur soi…
Il y a comme une fêlure dans nos tentatives de vivre une unité intérieure. Caïn et Abel, en même temps, habitent en nous. Sentiments contradictoires et divers qui viennent ébranler nos chemins de recherche vers une paix intérieure …
attentat-paris-hommage Et bien non ! Nous étions dans l’illusion.
Si la vie n’est pas « un long fleuve tranquille » , notre foi ne l’est pas également. j’écris foi, c’est à dire notre amen, notre adhésion au Père de Jésus Christ, et non religion mâtinée de « valeurs », « d’identité », et de « culture », sources de divisions, de mépris et de haine.
Notre foi en Christ mort et ressuscité n’est pas un refuge tranquille loin des soubresauts et des chaos du monde.

Un combat
C’est un choix et un combat de tous les instants pour entrer dans l’intelligence de ce qui se passe, décoder les côtés pernicieux des mauvais guides et des conseilleurs. C’est à dire se mettre, avec d’autres, à l’écoute très fine de l’Esprit qui murmure ses paroles de Paix et de Pardon tout comme ses exigences de Vérité et de Vie.
Combat pour apprendre à voir. Voir non le négatif, le mal, dans la complaisance et le ressassement , non ! Les médias s’en chargent et alimentent ce brûlot.
Apprendre à voir plutôt surgir ce qui naît : les actes de solidarité et de bravoure. La communion entre les peuples, les élans d’amour et de solidarité qui fleurissent sur les réseaux sociaux. La générosité et la bonté qui se déploient au cœur des hommes. La condamnation de la violence et de l’intolérance … Toutes ces « semences christiques » au cœur de l’humanité qui grandissent dans la douleur, malgré elle, par elle… Oui apprendre à voir la beauté et la bonté qui surgissent dans le chaos…
Combat encore pour accueillir les blessés de la vie et panser leurs blessures faites de hargne, de volonté d’en découdre, d’amalgames de toutes sortes. Etre rivage où viennent mourir les vagues de mort, de lassitude, de vengeance et de désolation.
street-art-attentat-paris-13-novembre
Combat encore pour choisir d’ouvrir les horizons et appeler à la Paix, à la fraternité et à la solidarité.
Mais on ne s’installe pas sur un rivage. Le rivage de Tabgha nous invite à la montée sur le Mont des Béatitudes, à aller de l’avant. Nous sommes à ses pieds. Après avoir accueilli les blessés de la vie, après avoir refait nos forces, pansé les blessures, montons plus haut sur ce chemin des Béatitudes. Ne restons pas cantonnés dans ce qui deviendrait vite un cloaque marécageux : dans le ciel de nos cœurs, sur cette montagne, Dieu se dit : « Allégresse des hommes marcheurs au Souffle de l’Esprit de pauvreté, de miséricorde, de justice… »
Oui c’est à la Vie que sommes appelés. Nous en sommes les artisans.
Une amie, G. de La Villeneuve, le dit à sa manière avec ce logo, en en-tête, « Je suis la Vie »… il ouvre à l’universel et s’éloigne des ambigüités partisanes…
Un frère musulman du dialogue inter religieux l’exprime aussi avec ses mots :
Bonsoir,
Quand les mots manquent pour dire, Quand l’effroi prend la gorge, qui ne peut dire,
Quand la barbarie, s’invite dans notre vie, Quand l’horreur ailleurs, s’importe dans nos rues …

Alors, il reste la prière du cœur, Se recueillir devant tant de malheurs,
En silence, prenons nos chapelets, prions, Levons haut la tête, et au Seigneur, nous adressons,

Unis, comme un seul corps, Qu’une épine, enfièvre le corps, l’endolorit,
Unis frères de prières, et d’espoir, Ensemble, bâtissons un lendemain notoire !

Ce sont que des mots, qui viennent ainsi, Pour dire à tous, tout simplement merci,
Français, nous resterons ensemble, Malgré la tourmente de jours, qui se ressemblent

Ô Allah, Seigneur des Terres et des Cieux, apporte nous la paix dans notre pays, et protège nous de la barbarie, des injustices et des horreurs
Amen.


Au delà des races, des couleurs de peau, des religions, participons avec tous les hommes de bonne volonté à la construction de l’unité dans l’humanité, de la paix entre les hommes en commençant par nous-mêmes. Et rappelons-nous l’invitation de Florin Callerand de la Roche d’or : « Pratiquer la miséricorde envers Dieu, car Il en a besoin dans un monde qui lui fait mille misères et souffrances, par ses errances, ses arrêts de croissance, ses blessures, en l’aidant en chacune de ses créatures comme en soi-même, c’est certainement là le rôle le plus royal de la liberté humaine »

1 Comment

  • Merci pour cette réflexion.
    Elle m’enseigne. Elle me resitue au bon lieu. Elle m’avertit des pièges dans lesquels ne pas tomber.
    Elle ouvre un chemin. Elle dit très justement le Rivage de Compassion en Résurrection.
    Je vous remercie de nous communiquer les mots si pleins de fraternité et de foi de l’ami musulman.
    En communion.

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).