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L’enlèvement des moines de Tibhirine : 20 ans après

tibbhirineC’était il y a 20 ans : dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 sept moines trappistes étaient enlevés en Algérie. Cette petite communauté de l’abbaye Notre-Dame-de-l’Atlas, fondée en 1938, à Tibhirine, près de Médéa, souhaitait vivre la charité monastique et le partage en terre musulmane. Un témoignage de vie et de foi jusqu’à la mort.
Les frères se savaient menacés et avaient fait le choix de rester en Algérie. Le « Testament spirituel » de frère Christian de Chergé, prieur du monastère cistercien Notre-Dame de l’Atlas, rédigé en décembre 1993, bien avant leur enlèvement, annonce d’ailleurs ce choix irrévocable d’une «vie donnée à Dieu et à ce pays».
Le 20e anniversaire de leur enlèvement coïncide avec la date de la veillée pascale. Un calendrier qui revêt une dimension toute symbolique et illumine le sens pleinement pascal du don des Frères.
C’est le sentiment du frère Thomas Georgeon, moine trappiste, postulateur de la cause de béatification des 19 martyrs d’Algérie.
Il est interrogé par Hélène Destombes



Texte du Testament spirituel du père de Chergé
– voir l’article du journal La Croix : Vers une béatification des martyrs d’Algérie
– interview du Père Armand Veilleux: «Tibéhirine, c’était la réalisation d’une fraternité»

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).