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« Nous pouvons inverser le cours des choses »

libouban-par_guillaume_de_crop-v_1-74008 Le site « Reporterre » vient de proposer un entretien qu’il vient de faire avec J.B. Libouban. Ce Membre fondateur des Faucheurs volontaires d’OGM, est un chantre de la non-violence qui a participé, du Larzac à l’antinucléaire, à de nombreuses luttes écologistes. Il revient sur un demi-siècle d’engagement. Une expérience inspirante pour des combats d’actualité.
Il est né en 1935. À 22 ans, il intègre l’une des communautés de l’Arche fondées par Lanza del Vasto, militant de la paix chrétien et précurseur des mouvements de retour à la nature. De 1990 à 2005, Jean-Baptiste Libouban a été le principal responsable de ces communautés.

Voici quelques extraits de cet entretien :
Reporterre – Jean-Baptiste, tu affirmes volontiers : « La violence en col blanc a fait plus de morts que toutes les guerres. » Ou : « La science et le droit sont deux vecteurs de violence dans notre société. » Qu’est-ce à dire ?

Jean-Baptiste Libouban – Colonisation, traite des noirs, industries ultra-polluantes, accidents nucléaires : il n’est pas besoin de chercher loin pour constater les crimes que les cols blancs (politiques, militaires, patrons des multinationales, etc.) n’ont cessé de commettre depuis des siècles. Quant aux juristes et scientifiques, ce n’est que trop évident qu’ils servent à cautionner ou stimuler les activités prédatrices des grandes multinationales, qu’il s’agisse par exemple de la vente d’armes ou de l’importation d’OGM qu’on n’a pas le droit de cultiver en France. En ce sens, les accords du Tafta sont déjà en vigueur. La science appliquée prime de loin sur la science fondamentale, elle est utilisée aux seules fins de gagner des parts de marché, de le dominer. La raison technicienne s’exerce au profit de quelques-uns contre le bien commun. Nietzsche le disait déjà : « Ils leur ont promis le bonheur et entre eux, ils clignent de l’œil. »

Tu insistes sur la nécessité de mener un double travail de transformation, à la fois sur soi et sur la société, sans opposer l’un à l’autre…
C’est la base de l’action non-violente inspirée de la vie et de l’œuvre de Gandhi, dont Lanza del Vasto a été l’un des héritiers en France, et à sa suite, les communautés de l’Arche, auxquelles j’ai donné ma vie. Il est essentiel, si l’on veut construire un monde de paix, de faire tomber nos propres aridités, nos haines, d’arriver à comprendre l’autre et de l’aider à nous comprendre.
La germination d’une nouvelle société passe par là. Je suis convaincu qu’elle pousse dans les failles du béton urbain. Comme chrétien, je suis tenté de dire que l’Esprit naît là, qu’il filtre à travers l’action des militants libertaires et autres dont je partage le refus du consentement à la servitude. La vie est plus forte que la mort et même si l’état de la planète est plus angoissant que jamais, nous pouvons inverser le cours des choses. Comme le dit Edgar Morin, « le pire n’est pas certain ». Et de citer ce beau proverbe turc : « Les nuits sont enceintes, mais nul ne sait le jour qui en naîtra. »

gandhi_writing_1942-044c9Que représente Gandhi pour toi ? Il est celui qui apporte la possibilité concrète de résoudre les conflits des hommes entre eux et de vivre en harmonie avec la nature. Cet apport est fondamental, c’est même la grande nouveauté du XXe siècle. La non-violence ne se réfère à aucune idéologie, à aucune religion, elle est transculturelle, c’est une façon d’agir qui découle d’une manière d’être, inspirée notamment par la conviction qu’il ne faut jamais prendre « l’adversaire » pour ce qu’il représente, ni le réduire à son rôle social, mais bien plutôt, essayer de voir d’abord en lui l’être humain digne, comme tel, de respect, aussi égaré ou néfaste soit-il. Cela ne veut pas dire qu’il faut être naïf, bien au contraire. Il y a par exemple des violences et provocations policières que nous devons repérer dans nos luttes. Au Larzac, j’ai ainsi vu un policier des Renseignements généraux lancer des pierres sur François Mitterrand, alors candidat à l’élection présidentielle. Ou, à Paris, en diverses occasions, des membres des services de police en cagoule jouer aux casseurs… Comme militants non-violents, il nous faut alors jouer fin pour éviter l’engrenage de la violence et nous interposer.Que représente Gandhi pour toi ?Que représente Gandhi pour toi ?

Aujourd’hui, quel est ton grand combat ?
Mon grand combat reste bien contre moi-même mais nous commençons à bien nous connaître tous les deux, à nous aimer et à nous accepter…

– Propos recueillis par Pierre Dieudonné

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).