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Pardonner ?

PBAujourd’hui, dans ma boite mail, un courriel concernant Patrick Henri qui vient d’obtenir sa libération conditionnelle après 35 ans d’emprisonnement consécutifs au meurtre d’un enfant de 8 ans, le petit Philippe Bertrand dans les années 1970.
C’ est une pétition lancée « contre cette décision d’accorder au coupable la liberté conditionnelle ». Pour l’instant, elle a recueillie près de 17 000 signatures. Voici le libellé de l’appel :
« Ne remettons pas en liberté les assassins d’enfants.
Cet homme a froidement assassiné un enfant de 8 ans dans les années 1970, le petit Philippe Bertrand.
Appliquons la peine pour laquelle il a été condamné c’est-à-dire la perpétuité, ce qui me parait normal pour les crimes d’enfants! »


A sa lecture, montent en moi des questions…
Jusqu’à quand et combien de temps doit-on payer (pour un meurtre qui reste abominable) : Faut-il toute une vie entière pour expier ?
Pouvons-nous pardonner de tels actes ? Si non, pour quoi ? si oui, à quelles conditions ?
Comment aider à passer de la culpabilité à la responsabilité ? Que peut-être l’attitude d’un chrétien devant une telle situation ?
Questions qui peuvent entraîner des débats passionnés suivant les convictions des uns et des autres…

Pour ma part, je fais mien (non sans efforts), les mots du Christ « Père, pardonne-leurs ils ne savent pas ce qu’ils font… »
Mais, dira-t-on, il a récidivé, il a déjà eu deux libertés conditionnelles… Oui… le Christ nous dira de pardonner non pas une fois, ni sept fois mais soixante dix sept fois sept fois… à l’infini… et nous invite à croire encore et toujours en l’homme…
Qui suis-je alors pour décider de l’avenir d’un assassin qui a purgé sa peine ?
A quelles conditions peut-on et doit-on offrir un espace d’accueil et de pardon… ?
Ne sont-ce pas là les bases d’un vivre ensemble nouveau qui se dessinent pour repartir avec ce monsieur sur une confiance et une fraternité exigeante mais vraie ?

Ne peut-on dire que la grandeur d’une démocratie se mesure à sa capacité de pardon ? Dans ce cas, ces pétitions ne participent pas, me semble-t-il, à son élévation… Ce type de pétitions risque de nous donner de grands pouvoirs sur chacun… et de nous prendre pour des dieux …
Non, décidément, je ne puis décider, à la place de la justice qui estime que Patrick Henri a payé sa dette, de l’enfermer pour toujours dans son acte… La rédemption et le pardon sont à ce prix…
Xavier

2 Comments

  • Je suis tout à fait d’accord
    Je pense que l’Humanité doit avancer. On ne peut pas en rester à l’âge de la revanche. Le pardon fait partie de cette avancée nécessaire en humanité : avec ses risques, avec sa confiance en la capacité de l’homme à se redresser et à changer, avec sa foi en l’avenir.
    La revanche, la peur, le besoin de sécurité, la condamnation de l’autre, nous confinent dans un monde immobile, fermé, sans espérance. C’est un aspect dont la société d’aujourd’hui souffre : le manque d’ouverture, d’espérance, de foi, d’audace.
    C’est le message et l’exemple de Jésus : la foi qui permet l’audace, qui ouvre l’avenir.

  • Tout à fait d’accord ! J’ai été, moi aussi, choqué de recevoir cette pétition…

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).