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« … Pour une plénitude d’humanité …. »

journee-femmesLe 8 mars dernier L’ONU invitait à célébrer « la journée de la femme », ou encore « la journée des femmes », ou pour certains « la journée internationale des droits des femmes ». Pour les militant(e)s, il s’agit de « la journée de lutte pour les droits des femmes »
Cette année, le thème proposé par l’ONU est « La parité en 2030 : avancer plus vite vers l’égalité des sexes ». Au programme : l’éducation pour toutes, la fin des violences et des discriminations, la fin des mutilations des parties génitales, les mariages d’enfants, les mariages forcés…
La liste est longues de toutes les violences faites aux femmes : violences domestiques, sexuelles, professionnelles, sociales… Cette journée nous rappelle l’urgence de faire avancer l’égalité des droits à travers le monde. Elle peut prêter à sourire pour certains. Elle est le fruits de longues luttes, surtout féministes au cours de l’histoire, en particulier ces deux derniers siècles.
L’égalité est un droit fondamental de la personne humaine quelques soit son sexe, ses origines, sa culture et sa religion.
En effet, selon l’article 2 de la Déclaration Universelle des Droits des Humains, adoptée en 1945, « chacun peut se prévaloir de tous les droits et toutes les libertés, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation ».
voileDès lors comment comprendre la situation dans laquelle se trouvent encore les femmes dans le monde entier, y compris chez nous ?
Car le bilan est pour le moins mitigé concernant cette fameuse égalité ! Que ce soit à la maison (à la cuisine !) , au travail, dans les salaires, dans les responsabilités professionnelles, ecclésiales ou autres, on peut affirmer que le machisme n’est pas mort et que règne par dessous tout cela une question de pouvoir, d’autorité, … masculine bien sûr ! Une journée par an, octroyée pour la gent féminine, ce n’est pas cher payé pour que ces messieurs puissent discriminer le reste de l’année …

Mais orientons notre propos ailleurs :
Qu’en est-il dans l’Eglise ?
Un des apports les plus révolutionnaires du christianisme concerne le statut de la femme. Jésus est celui qui a brisé les préjugés et les stéréotypes concernant les femmes (cf. la samaritaine, la femme dite « pécheresse », Marie Madeleine, Marie la sœur de Marthe, celles qui le suivaient et marchaient avec lui…). Il leur a fait accueil d’une manière inconditionnelle dans un monde et une religion pétris de pureté et de misogynie. Saint Paul résumera bien l’apport du Christ avec cette phrase dans son épître aux Galates : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus-Christ »
Qu’est-ce à dire ? Que ce qui fonde le message de Jésus c’est la suppression de toutes formes discriminatoires entre les hommes entre eux. Que le message d’une pleine humanité, chemin vers le divin, passe par l’abolition de toutes les barrières : raciales, sexuées, sociales, religieuses, d’orientation sexuelle…
Pourquoi alors le christianisme s’est opposé à ce mouvement qui mettait à bas des préjugés millénaires et apportait libération de tous face aux traditions et aux religions ?
Il est triste de constater que l’Eglise reste dans le monde un des derniers bastions ( avec les courants islamiques intégristes) à défendre l’indéfendable. Pour une question de pouvoir, de peur, pour maintenir une certaine de dépendance sous couvert de sacré et de pouvoir…
On peut invoquer la Tradition, une lecture biblique mal comprise, une culture, des valeurs sociétales,… mais rien ne justifie en soi cette discrimination.
vaissellePour beaucoup encore, dans l’ inconscient collectif, la femme reste l’objet de péché, de dépravation, une créature dont il faut se protéger. Et elle-même, portée par des siècles de cet inconscient, trouve « normal » et « naturel » d’être amoindrie, subalterne, au service de l’homme, méprisée, dévalorisée. Les préjugés ont la vie dure et celui- là en particulier.
La bataille de l’égalité peut être gagnée au sein de l’institution ecclésiale. Ce n’est pas en revenant aux schémas d’autrefois qu’elle sera crédible (j’ai vu, à Chinon, des jeunes filles qui ne pouvaient être enfants de chœur : elles auraient pu « souiller », par leur présence, ce lieu « sacré ». Alors elle se tenaient à l’entrée du chœur, avec une tenue spécifique, bonnes pour faire la quête et organiser la procession d’offertoire et de communion et distribuer les tracts à l’entrée et la sortie de l’office…) A vomir ! Aujourd’hui, c’était 2015 !
Pour quel « succès » ? Ce seront plus tard des bigotes ou des femmes qui auront envoyé balader, à juste raison, toute cette religiosité malsaine…
Ces traditionalistes misogynes défendent une cause indéfendable.
Ils n’élèvent pas la grandeur de l’homme et de la femme !
ils entretiennent une religion mortifère sous couvert de « faire la volonté de Dieu » !

N’ayons pas peur de la différence, de l’altérité, de l’inconnu, de l’autre, quel qu’il soit, dans ses mystères comme dans ses limites (femme, noir, juif, musulman, de gauche ou de droite …)
Car la « journée des femmes » est celle aussi de toutes les minorités exploitées, écrasées, méprisées. C’est de la beauté et de la dignité de l’homme créée à l’image de Dieu qu’il s’agit.
Lâchons nos préjugés et abaissons nos barrières.
Abattons tout ce qui cloisonne dans notre cœur et qui nous fait croire que nous sommes meilleurs que les autres… N’ayons plus peur.

Alors qu’advienne ce jour où nous ne serons plus qu’« un en Jésus-Christ » comme le proclame Paul !
Car Christ est venu « pour que les hommes (et les femmes donc !) aient la vie, et la vie en abondance ».
Cette plénitude d’humanité, par ses ouvertures, ses tolérances, ses confiances en l’autre nous ouvre à la Transcendance : celle en nous et dans les autres. Car c’est dans l’homme pleinement homme, comme le Christ l’a été, que nous pouvons faire l’expérience de Dieu.
Pas d’autre chemin.
Et pas un seul jour. C’est tous les jours que nous sommes appelés à agir pour une humanité réconciliée.

Xavier

Et pour rester dans l’actualité, orientons notre réflexion :
– sur les femmes migrantes. En hommage et pour leur rendre justice, voici un petit guide élaboré par La Cimade  » Pour conjuguer la migration au féminin. A découvrir pour mettre à plat bien des idées reçues.

– Bel interview de la psychiatre-psychothérapeute écrivaine palestinienne Samah Jabr (10 mn)

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).