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Quand Droits et Don se rejoignent…

Indian slum dwellers fill containers with drinking water from a tanker provided by the civic authority in Calcutta, 22 March 2005, on the occassion of World Water Day. Hundreds of activists protested across India demanding that the government ensure the provision of clean drinking water, as ordered by the Supreme Court of India. AFP PHOTO/Deshakalyan CHOWDHURY ...

AFP PHOTO/Deshakalyan CHOWDHURY

Faisons suite à notre article du premier janvier : celui-ci ne serait pas complet si nous ne l’élargissions pas dans deux directions qui vont plus loin, me semble-t-il…

1) – la première, est une réflexion surgie en travaillant et méditant le texte de la Samaritaine (Evangile de Jean 4). Nous voyons qu’il est beaucoup question de « Don ». Pendant le dialogue avec la samaritaine, les disciples vont acheter du pain. Pour eux le pain ça s’achète. (on le voit aussi dans le chapitre 6 de Marc face aux foules qui errent comme des brebis sans berger, ils s’inquiètent de renvoyer les foules et s’interrogent « où achèterions-nous du pain pour tant de personnes »),
On voit plus tard dans le chapitre 6 de Jean que le pain se donne. Il ne s’achète pas.
Mieux, le Christ dira : « Le pain que je donnerai, c’est moi-même pour la vie du monde. » Le pain, c’est ce qui entretient la vie. « L’entretien de la vie dans le grand sens du terme, c’est la donation que le Christ fait de lui-même. » nous dit J.M. Martin.
Il en va de même avec la Samaritaine à propos de l’eau quand Jésus affirme : « L’eau que je donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie qui dure toujours.… ».
Or, pour J.M. Martin la révélation du don « caractérise l’espace de l’Évangile qui se distingue de celui  du droit et du devoir, mais aussi de celui du domaine de la violence… »
Pour lui, des droits et devoirs il ne peut naître que de la violence en ce monde.
« … Pour l’Évangile, il y a une secrète connivence entre “le droit et le devoir” et “la violence” qui constituent le monde dans lequel nous sommes, et se distinguent de l’espace nouveau qui est l’espace du don gratuit.
Pour lui, il s’agit du rapport à Dieu qui n’est pas un rapport de marchandage, pas plus qu’un rapport de forces, mais il s’agit du même coup du rapport aux hommes, le rapport ultime aux hommes…

Quand nous entendons cela, nous pouvons penser qu’il s’agit de quelque chose de très utopique et très loin. Voilà une question qui n’est pas du tout à éluder, à savoir que prêcher les droits et les devoirs, fussent-ils les droits naturels des gens, et les devoirs quels qu’ils soient, ça n’est pas encore l’Évangile.
Et parce que c’est difficile à admettre, … c’est l’indice de quelque chose de très précieux… »

Belle invitation pour chacun à puiser à la véritable source de nos engagements. Le « Donne-moi à boire » étanche les soifs de celui qui donne comme de celui qui reçoit.

imgres 2)-  la seconde direction, concrète, propose que le « discours » deviennent réalité, que les bons sentiments et les bonnes déclarations sur les droits humains prennent chair.  Dans l’article susnommé,  nous disions que « c’est travaillant avec d’autres, pétris des mêmes convictions, que le monde changera… par et avec plus de justice, de solidarité, d’altruisme… »
Pour l’illustrer, je ne puis m’empêcher de vous partager le « travail » de l’ami Paul, auprès des migrants à Lorient. Voici l’écho d’une de ses actions qu’il mène avec d’autres, et qu’il offre à l’occasion de ses vœux.

ROUÉE DE COUPS DANS SON PAYS … MISE À LA RUE EN FRANCE …

Seda est arrivée en France en juin 2014. Pourquoi est-elle venue en France ? Son fils a été torturé et mis en prison pour raison politique, en 2009. La compagne de son fils est restée en Tchéchénie, pour préparer les repas. Autrement, en prison en Tchéchénie, il risquait de mourir de faim.
Seda elle-même a été rouée de coups, battue à coups de matraques sur les avant bras, le cou, les flancs. – Courageusement, elle a décidé de prendre en charge ses deux petites filles, Asya et Karina ? Sans être rebuté par les rebuffades administratives, elle a fait les démarches judiciaires pour obtenir la tutelle légale de ses deux petites filles. Elle a obtenu la tutelle légale.
Sans ressources, puisque son fils, père des deux petites est en prison, elle a décidé de quitter son pays et tenter sa chance en France, où habitait déjà sa fille Yisa. Yisa a quatre enfants et est titulaire d’une carte de résident. – À son arrivée en France, on a fait remplir à Seda des papiers. Ne parlant pas un mot de français, ce n’était pas évident pour elle. Puisqu’elle rejoignait sa fille, elle a coché la case « Je refuse la prise en charge par un CADA (Centre d’Accueil pour les Demandeurs d’Asile) »
 La vie chez sa fille, dans un F4, à Lorient, avec déjà 4 enfants s’est vite révélé une situation impossible, qui ne pouvait durer au-delà de quelques semaines. – Seda s’est donc retrouvée à la rue, avec ses deux petites filles. La loi précise : « Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique et sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence » (article L 345-2-2 du Code de l’Action Sociale et des familles).
Des militants ont donc accompagné Seda à la Sauvegarde 56, association déléguée par la Préfecture, pour appliquer la loi. Réponse de la Sauvegarde : « Cette femme est domiciliée chez sa fille, nous n’avons pas à connaître son cas. » – Nous avons expliqué la cohabitation impossible et demandé à quel service social il fallait s’adresser. Réponse de la Sauvegarde 56 : « Nous ne savons pas » – On pourrait penser que le seul souci de la Sauvegarde 56, c’est de trouver le prétexte pour se débarrasser des cas difficiles !
Temporairement, une bénévole héberge chez elle, Seda et ses deux petites filles. Pour ne pas interrompre leur scolarité, cinq militants se relaient chaque jour, pour les conduire à l’école le matin, et les ramener le soir. – Les congés approchent. Pour qu’elles ne traînent pas dans la rue, il est souhaitable qu’elles puissent participer aux activités éducatives organisées par le Centre Social. Qui va payer ? Les chèques de vacances ? Elles n’y ont pas droit. Sans titre de séjour, impossible d’être inscrit à la CAF – Heureusement, une assistante sociale fait les démarches pour une prise en charge.
Mais le problème essentiel demeure : L’HÉBERGEMENT ! Faudra-t-il une manifestation devant la sous-Préfecture, avec banderoles et pétition pour obtenir la simple application de la loi ? … 

Paul laboure, le soir, les trottoirs de Lorient, à la recherche des exclus de nos villes… Comme d’autres, dans d’autres villes… Inlassablement, à 83 ans, il ne supporte pas que notre société, et les associations qui la représentent, traitent des hommes, des femmes et des enfants  avec tant de mépris et de désinvolture, …
Ce post veut lui rendre hommage et, à travers lui, à tous ceux qui militent et se donnent, au nom de leur foi ou non, pour que droits et devoirs soient bon pain et eau désaltérante pour le monde.
Avec eux, entrons dans l’espace du Don gratuit…

Xavier

– Tous les premiers jeudi du mois cercle de silence pour les demandeurs d’asile face à la FNAC à Lorient à 17 h
le site de JM Martin

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).