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« Qui nous fera voir le bonheur ? »

regard« Qui nous fera voir le bonheur ? »
Question lancinante, criée par le poète il y a trois millénaires, et qui tarabuste encore chacun aujourd’hui …
… Peut-être encore plus, en cette fin d’année 2015, qui aura vu tant de souffrances et de misères défiler dans notre monde …
Impression d’être exsangue après tant de détresses accumulées : migrants, attentats, réchauffement climatique, élections, guerres, ruptures, mensonges, pauvreté, chômage …
Belle figure de rhétorique que le bonheur dans notre monde aujourd’hui, mais qui semble ne plus vouloir rien dire, laisse insatisfait, épuise l’homme …
Cette question qui nous hante revient à notre esprit, aujourd’hui à l’occasion des vœux :
Oui, « Qui nous fera voir le bonheur ? »

A travers ce « Qui » le poète suggère Quelqu’un. Ce n’est pas un « Quoi » suggérant l’accumulation de biens, l’abondance, le plaisir, le bien-être, ni même les agirs altruistes, la religion – toutes choses au demeurant louables -, mais c’est vers une Personne qu’il oriente, invitant chacun à découvrir la Transcendance qui l’habite (et qu’il ignore peut-être), à mettre un Nom sur ce « Qui »
Et il y a ce « nous » … discret, presque effacé, mais qui dit que le bonheur ne peut se vivre seul… Ce n’est qu’avec d’autres qu’il se reçoit …
Puis vient le maître-mot : « voir » ! Peut-être encore plus fort que celui de « bonheur » et qui dit ce qu’il est :
le bonheur serait-il de « voir » ?
Le bonheur serait-il d’entrer dans une certaine vision, qui voit loin, profondément, autrement … ?
De voir à travers le voile qui suggère ce qu’il cache…
Qu’y aurait-il à voir ? Qu’est-ce que nos yeux ont vu, dans l’aujourd’hui, qui ouvre à l’Espérance, à la Joie, à la Paix ?
… Apprendre à entrer dans la vision que tout est déjà gagné, « sauvé » … et s’en réjouir, sans ignorer naïvement le vieux monde qui s’écroule…
Ce voir semble ne pas dépendre de nous : il nous vient d’ailleurs pour nous faire voir. Ce n’est pas au bout de nos efforts qu’il nous sera donné de voir… Ne naît-il pas surtout d’un appel intérieur puissant qui nous ouvre vers plus grand que nous ?
Et l’ interrogation : « ? » ! Comme si on ne maîtrisait pas, une fois pour toutes, la réponse… Mais que chaque jour, la question doit être redite, réajustée, réensemencée…

Quelle expérience a eu le poète pour aspirer à cet état ? Que sait-il du bonheur pour le réclamer de manière si véhémente ? … comme un dû …
Sa soif de bonheur est aussi la nôtre… ancrée de toute éternité au plus profond de l’être… Quelle incomplétude, quel manque, creusent en nous ce désir de bonheur ? Quel pain rassasiera notre faim ?

Acquiescer à cette visitation qui nous invite à recevoir un regard nouveau et à entendre – car voir c’est d’abord entendre -, la Voix, à l’intime, qui appelle au festin : « Voici je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte j’entrerai chez lui et je souperai avec lui et lui avec moi ».
Oui, ouvrir la porte de notre intériorité, pour se découvrir habité et laisser résonner en nous les appels des événements/avènements qui murmurent l’invitation au bonheur à nos profondeurs, même au delà des apparences, celles si souvent tristes et trompeuses.

Amis visiteurs, que Noël et cette année 2016 soient pour vous le moment favorable pour vivre une nouvelle naissance et voir ce Bonheur déjà présent en votre chair et le déployer.
Que la lumière et l’Espérance se lèvent sur chacun de vos visages et la joie dans vos cœurs !

L’équipe communication

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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).