Color Selector

default niceblue intenseblue otherblue blue puregreen grassgreen green olive gold orange pink fuchsia violet red

Container Selector

Réveillons-nous !

no-turkeyCe Lundi dernier 4 Avril peut être considéré comme le jour de la honte en France et en Europe. En effet, c’est le jour où débute l’accord entre la Turquie et l’Union européenne pour refouler les migrants qui demandent asile au pays des droits de l’homme et à l’Europe qui se dit fière de ses idéaux. Mais où sont-ils donc passés ?
Jour de tristesse car, pour se « débarrasser » de toutes les victimes potentielles de Daesh, de tous ceux qui croient et prient différemment, de tous ceux qui vivent dans la peur : femmes, enfants, homosexuels…, la belle Europe traite avec la Turquie, pays dont les dirigeants ne s’embarrassent guère d’humanité et de démocratie : oppressions, persécutions, violences et mépris sont le lot quotidien des réfugiés.
Ce lundi 4 avril, dés 5 h 30, en catimini, la Grèce a commencé à expulser une centaine de migrants vers la Turquie, en vertu de l’accord entre l’UE et la Turquie, critiqué par les défenseurs des droits de l’Homme et visant à endiguer le flux migratoire en Europe.
Signature de la honte : Pas de quoi être fiers messieurs le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, Donald Tusk  président du Conseil européen et  Jean-Claude Juncker et le président de la Commission européenne.

Signature de la honte : Pas de quoi être fiers messieurs le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, Donald Tusk président du Conseil européen et Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.

Arrivés en Turquie, le Rapport d’Amnesty International est sans équivoque : la Turquie expulse alors illégalement des centaines de réfugiés vers la Syrie, au mépris du droit international et des règles européennes qui se rendent complices de ces crimes. S’ils ne seront pas réduits en esclavage ou massacrés, ils croupiront comme les autres dans des camps de réfugiés indignes, insalubres, en proie au froid, aux maladies et à la mort (rappelons qu’il y a eu 3770 morts en Méditerranée en 2015).
Et pour ceux qui voudraient retenter un nouveau passage de la Syrie vers la Turquie, les gardes-frontières turcs abattent des réfugiés syriens (dont trois enfants dernièrement, qui fuient la guerre civile en Syrie », écrit le quotidien The Times, se rapportant à l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), organisation de défense des droits de l’homme basée à Londres. Comment croire alors nos politiques qui affirment que la Turquie est censée être considérée comme un « tiers pays sûr » ?

Quand on sait que ces fugitifs sont 2 millions de réfugiés en Turquie (soit 3% de la population), 1 million au Liban (20% !), et 1 million en Jordanie (12%), l’Europe dite humaniste, dont la France dit « pays des droits de l’Homme », n’accueillent que 1 million de réfugiés, c’est-à-dire l’équivalent de 0,2% de ses habitants !
Non, au contraire de ce que veulent nous faire croire nos dirigeants, il n’y a pas péril en la demeure ! Notre civilisation n’est pas en danger et nos « sacrées » finances, soit disant pompées par ces migrants, ne risquent pas de nous mettre sur la paille … Mais de qui se moque-t-on ?
Nous sommes aujourd’hui devant un défi de l’Humanité : nous n’assistons pas à une crise migratoire mais à une crise humanitaire. Comment tout citoyen, et à plus forte raison tout chrétien, peut-il se mobiliser et se responsabiliser ? il en va de notre dignité et de celle de ces personnes contraintes de fuir malgré elles (voir ici notre article)
Nous relayons dans ces colonnes l’appel de Véronique Fayet, présidente du Secours Catholique-Caritas France dans son édito de la revue « Messages » d’Avril 2016:

« Le repli sur soi, qu’il soit individuel ou collectif est toujours mortifère. L’ouverture à l’autre est toujours source de joie."

« Le repli sur soi, qu’il soit individuel ou collectif est toujours mortifère. L’ouverture à l’autre est toujours source de joie. »

« Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, d’un bout du monde à l’autre c’est toujours la même histoire …
Des hommes et des femmes, parfois des familles entières quittent tout pour fuir la misère ou la guerre, ou les persécutions, ou les trois à la fois Nul ne quitte son pays le cœur léger. C’est toujours un drame et un arrachement. La route de l’exil, à travers le Mexique, les déserts africains ou la Méditerranée, est toujours un chemin de souffrance où les migrants affrontent la peur, la violence, la faim, l’avidité des passeurs et parfois même la mort. Et quand ils parviennent enfin au terme de ce voyage, ils découvrent des murs ou des barbelés au sud des États-Unis, en Europe ou à Calais … Et pire encore, des murs d’indifférence !
Je n’oublierai jamais ces jeunes Iraniens qui traversaient le bidonville de Calais dans un grand silence, les yeux bandés de noir, muets de désespoir et la bouche cousue – au sens propre du terme – avec une simple pancarte : « Nous vous appelons à l’aide. RÉVEILLEZ-VOUS ! »
Oui, réveillons-nous ! Une Europe de 450 millions d’habitants peut accueillir sans danger l ou 2 millions de réfugiés. Au contraire, ces hommes et ces femmes sont une chance pour l’Europe: ils ont une énergie, une vitalité, une soif de vivre et d’entreprendre qui pourraient secouer notre vieille Europe et lui redonner du souffle. Le repli sur soi, qu’il soit individuel ou collectif, est toujours mortifère. L’ouverture à l’autre est toujours source de joie, et je témoigne de cette joie des bénévoles et amis du Secours Catholique-Caritas France rencontrés à Calais, en Algérie, en Israël ou au Mexique, qui ouvrent leurs maisons et leur cœur aux migrants et tentent de leur apporter réconfort et amitié.
Oui, réveillons-nous ! Retrouvons le sens de la responsabilité fraternelle. La souffrance de ces exilés, c’est notre affaire. Chacun de nous a quelque chose à dire ou à faire pour abattre des murs et construire des ponts. Chacun de nous peut témoigner à sa façon de la tendresse et de la miséricorde infinie de Dieu à l’égard de tout homme, et en particulier de l’étranger. « 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).