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Un besoin de métamorphose

TabghaDans la revue « Le Monde des religions » de mars-avril 2016, Mgr CLAUDE DAGENS, évêque émérite d’Angoulême et membre de l’Académie française, auteur de Survie ou métamorphose (voir ici sur son blog) , s’entretien avec Matthieu Stricot.
Voici quelques unes de ses paroles :

« Depuis les attentats de janvier 2015, il se dit que les juifs ont peur et que les musulmans sont dangereux. Mais que deviennent les catholiques ? Peut-être sommes-nous tellement insérés dans la société que nous ne nous manifestons pas.

Les religions sont perçues comme la cause des fanatismes. La laïcité, comme un rempart contre ces menaces.

Je milite pour un usage positif de la laïcité. Il est urgent d’éduquer aux fêtes religieuses de toutes confessions. Mais la loi de 1905 prévoit la non-immixtion de l’État dans les affaires religieuses. L’État pourrait outrepasser son rôle de protection en s’impliquant dans la gestion. D’où un risque d’instrumentalisation des religions, qui pourraient instrumentaliser le pouvoir politique à leur tour.

Le catholicisme politique ne doit pas progresser. Rappelons-le : Jules Ferry ne critiquait pas le catholicisme, mais l’usage idéologique de la foi catholique. Je m’oppose à « La Manif pour tous » car elle a donné à certains catholiques l’impression qu’ils allaient reprendre le pouvoir politique.

Dans une tribune du 13 octobre 2014 du quotidien La Croix, j’affirmais que les homosexuels avaient quelque chose à apporter à l’Église. En réaction, j’ai été traité de « suppôt de Satan », on m’a dit que je devais me « faire exorciser… » Cependant, je vis ces difficultés comme un temps de renaissance. Le catholicisme en France a besoin d’une métamorphose. L’Évangile, ce n’est pas l’Église pour l’Église, mais l’Église pour tous. De plus, la tradition, c’est le mouvement. Elle n’est pas faite pour se conserver, mais pour se transmettre. En cela, le concile Vatican II a constitué un retour à la tradition. Il faut recomposer le tissu chrétien, établir des missions communes entre prêtres et laïques, donner la parole aux personnes en difficulté. La joie n’est pas toujours facile. La vie se compose de beaucoup d’échecs et de chaos. Mais, là encore, il peut y avoir de l’amour, de la bonté, du don de soi. Je m’inquiète du nihilisme de certains jeunes, qui développent une approche désespérée de la vie et de la sexualité.

Le travail est l’autre préoccupation des jeunes parents qui viennent baptiser leurs enfants. Après des études commerciales ou économiques, ils sont désenchantés par l’économie, et préfèrent se tourner vers des petits boulots où ils se sentiront eux-mêmes.

L’idéologie de la performance et de la rentabilité transparaît dans le débat sur l’euthanasie et la fin de vie, où la question essentielle porte sur l’humanisation de l’hôpital. Comment ne pas être enfermés dans une logique financière ? La société est devenue tributaire de la raison calculatrice. Elle traite les humains comme des objets. Si la seule responsabilité de l’action politique est d’accompagner les fluctuations de l’économie, la politique est fichue.

Dans les zones rurales, un sentiment d’abandon accompagne la disparition des services publics. Certains électeurs se tournent vers le Front national pour combler un vide politique. En tant qu’ecclésiastiques, nous ne nous contentons pas d’un rôle d’observateurs donneurs de leçons. Nous sommes de plain-pied avec les élus locaux, très présents sur le terrain, pour jeter des ponts et lutter contre le durcissement. Les catholiques sont plus attendus qu’on ne le pense. »


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Tenter de trouver avec notre prochain un terrain commun d’humanité
« Puissions-nous en ces moments entendre l’invitation de Dieu à prendre soin de ce monde, à en faire, là où nous vivons, un monde plus chaleureux, plus humain, plus fraternel. Un temps de rencontre, avec des proches, des amis : un moment pour prendre le temps de vivre quelque chose ensemble. Un moment pour être attentif aux autres, quels qu’ils soient. Un temps de partage de notre amitié, de notre joie. [...] Un temps de prière, aussi : attentifs à ce qui se passera dans notre monde à ce moment- là. Prions pour ceux qui en ont le plus besoin, pour la paix, pour un meilleur vivre-ensemble. »
Père Jacques Hamel
dans le bulletin paroissial de l’église Saint-Étienne, en juin, avant son assassinat
La compassion est en train de quitter notre monde

" "A ceux qui se demandent quel sorte de manque ronge silencieusement nos sociétés, il faut répondre : la compassion. Cette sollicitude spontanée que les bouddhistes appellent la maitrise et qui est assez proche, au fond, de l'agapê des chrétiens.
Aujourd'hui, on a beau prendre la réalité contemporaine par tous les bouts, une évidence crève les yeux : la compassion est en train de quitter notre monde. A petits pas. Insidieusement. Or, avec la compassion, c'est le bonheur de vivre qui s'en va. Disons même la gaieté.
Nos rires deviennent tristes. Notre sérieux est navrant. Nos prudences sont moroses. Nos "fêtes" sont sans lendemain. Nos plaisirs sont boulimiques et plutôt enfantins. Tout se passe comme si la frénésie jouisseuse de l'époque cachait une sécheresse de cœur et une stérilité de l'esprit.
La gaieté véritable, celle que nous sommes en train de perdre, c'est celle de l'aube, des printemps, des projets. Elle se caractérise par une impatience du lendemain, par des rêves de fondation, par des curiosités ou des colères véritables : celles qui nous "engagent".
Cette vitalité joyeuse ne doit pas être abandonnée à la contrebande des amuseurs médiatiques ou des clowns politiciens."

Paroles partagées par Jean-Claude Guillebaud en conférence en 2015 à Briec-de-l'Odet (29).